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Juppé et le courroux russe sur la Libye

02 juil. 2011, 12:16

Pour sa première visite bilatérale hier à Moscou, Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères français, avait un objectif ambitieux: expliquer les parachutages d'armes françaises en Libye et tenter de rapprocher les positions française et russe sur la crise syrienne.

Les entretiens entre Alain Juppé et Sergueï Lavrov, son homologue russe, ont été longs - plus de deux heures - et les deux hommes se sont félicités d'une coopération qui, dix jours après la visite du premier ministre russe, Vladimir Poutine, à Paris, est solidement ancrée. La France est devenue le sixième fournisseur mondial de la Russie, avec près de 5% de parts de marché.

Les pays émergents dans le sillage des Russes

Sur le plan diplomatique, c'est plus compliqué: les Russes pilotent une coalition anti-interventionniste, en entraînant la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et tous les autres pays émergents dans leur sillage. Un vaste club qui continue de refuser toute ingérence des puissances occidentales dans les affaires de pays tiers, même lorsque des dictateurs font massacrer leurs populations.

Du point de vue russe, l'intervention menée par Paris et Londres en Libye, même si elle a été préparée par les résolutions 1970 (embargo sur les armes) et 1973 (autorisation du recours à la force) des Nations unies, continue de passer très difficilement. Surtout depuis les parachutages d'armes que les Français viennent d'effectuer, en s'appuyant sur leur lecture de la résolution 1970. Celle-ci, regrette Sergueï Lavrov, «permet à n'importe qui de faire n'importe quoi n'importe quand» et la Russie a réitéré «une demande légitime de préciser les conditions d'usage de la force».

Alain Juppé lui a répondu sans ambages. «Nous nous situons exactement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Nous avons informé le Conseil de sécurité et nos partenaires de l'Otan», a-t-il dit, sans préciser si c'était avant ou après les parachutages. «Nous avons sur ce point des divergences (réd: avec la Russie)», a poursuivi Alain Juppé. «Cela ne nous empêche pas de travailler ensemble.»

Echaudée par le précédent libyen, la Russie s'oppose également, à l'ONU, à toute résolution visant à condamner l'usage de la force par Damas. Selon Sergueï Lavrov, le président syrien, Bachar el-Assad, a proposé des réformes «significatives», visant à débloquer la situation politique, en particulier l'introduction d'une nouvelle loi électorale et d'un programme d'amnistie des opposants. Ces derniers doivent, eux aussi, faire preuve de «bonne volonté» et ne «pas rejeter systématiquement toute proposition de compromis», a insisté le ministre russe des Affaires étrangères.

Certes, l'Etat syrien a émis des propositions, mais depuis «rien n'a suivi», a rétorqué Alain Juppé, alors que la répression se poursuit. Face à cette situation, «le Conseil de sécurité ne peut pas ne pas demander la cessation immédiate des violences», a poursuivi le chef de la diplomatie. Néanmoins, Alain Juppé s'est efforcé de rassurer son homologue sur l'absence, côté alliés, de toute intention d'intervenir militairement en Syrie.

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