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Jean-Luc Mélenchon va seul au front

20 sept. 2011, 10:48

«Les socialistes ne comprennent qu'une chose, c'est le rapport de force…» Dans le train qui le conduit ce jour-là vers les ouvriers en grève de la Fonderie du Poitou, à Ingrandes-sur-Vienne, à la frontière de la Touraine, Jean-Luc Mélenchon se pose en guerrier: poings fermés frappés l'un contre l'autre, regard plissé, moue de rejet. «On dit que je leur tends la main… Si c'était le cas, ce serait pour les gifler!» Le candidat du Front de gauche à la présidentielle n'en finit pas de brûler sa défroque d'ancien sénateur socialiste et d'ancien ministre du gouvernement Jospin, abandonnée au congrès de Reims, en 2008.

Jean-Luc Mélenchon sait que l'alliance du PCF, de son Parti de gauche, de la Gauche unitaire de Christian Picquet et de la Fase de Clémentine Autain repose sur sa capacité à créer une véritable rupture à la gauche du PS. En campagne depuis juin, après une rude primaire interne au sein de la gauche radicale, il est libéré de la concurrence d'Olivier Besancenot qui a jeté l'éponge à l'extrême gauche.

En 2007, les communistes, derrière Marie-George Buffet, ont obtenu 1,93% des voix seulement. Son objectif à lui est décrit dans la préface du dernier livre de l'économiste Jacques Généreux, «Nous, on peut» (Seuil): rassembler «la cohorte innombrable des millions d'ouvriers et employés hautement qualifiés rendus invisibles et qui ne réapparaissent dans le discours dominant que pour être assignés à l'extrême droite». Rassembler ceux, dit Mélenchon qui n'en «peuvent plus du discours de renoncement du PS, piégé et scotché par Nicolas Sarkozy sur le terrain de la dette et de l'austérité».

Mélenchon a gravi une marche dans son rapport de force au sein de la gauche, avec le PS en particulier. «Le temps des patrimoines électoraux est terminé», décrète-t-il. L'eurodéputé est convaincu que cette campagne en temps de crise, source possible «d'un grand chamboulement», ne ressemblera «à aucune autre». «Le PS a quinze ans de retard s'il imagine une ambiance à la papa avec de sages reports de voix…»

Sur le parking de la Fonderie du Poitou, une centaine de salariés écoutent son intervention tonique. «Que les puissants se le tiennent pour dit. Nous sommes là et nous sommes prêts au combat!» Mélenchon dénonce «un «plan de compétitivité» annonçant une baisse des salaires de 15 à 25%.» Venu du Nouveau Parti anticapitaliste (ex-LCR), dirigeant de la Gauche unitaire, Christian Picquet juge ces propos «minoritaires». «Pour nous, dit-il, l'urgence c'est de débarrasser la France de Nicolas Sarkozy. Un puissant facteur de mobilisation…»

Dynamique enclenchée

Directeur adjoint à l'Ifop et auteur d'une étude sur les résultats du Front de gauche aux cantonales, Jérôme Fourquet confirme qu'une dynamique, quoique «modeste», est enclenchée.

Mais la partie est loin d'être gagnée. Jean-Luc Mélenchon est à la peine dans les sondages, autour de 6% quand sa première ennemie, Marine le Pen, dépasse les 18%… Et Jérôme Fourquet n'est pas certain que la popularité d'Olivier Besancenot se reporte, en son absence, sur Jean-Luc Mélenchon. «Leur style, leur culture, leur langage, leur rapport réel à l'institution est différent. Et les électeurs du NPA, populaires, jeunes, éloignés de la politique, pourraient se volatiliser dans l'abstention…» «Avec les affaires et la crise financière en toile de fond, le rejet des partis institutionnalisés, l'abstention sera forte», prévient Clémentine Autain, de la Fase, qui cite en exemple l'Italie. «Il y avait un vrai rejet de Berlusconi, mais, en face, Prodi était sur une ligne de centre mou. Résultat, Berlusconi a été réélu…»

Persuadé que «la révolution citoyenne» se transmet «des jeunes éduqués à la classe moyenne dont ils sont issus», Jean-Luc Mélenchon mobilise sur le front de la jeunesse, depuis l'ancienne usine de la porte des Lilas qui lui sert de QG. A la manœuvre, Arnauld Champremier-Trigano, directeur de la communication de la campagne du Front de gauche, jeune publicitaire, ex-chroniqueur, notamment sur Europe 1, et auteur d'une idée lumineuse: faire de la campagne de Jean-Luc Mélenchon un véritable feuilleton scénarisé, diffusé chaque semaine sur le web.

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