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Japon: décès d'un survivant emblématique de la bombe atomique de Nagasaki

Sumiteru Taniguchi s'est éteint mercredi à l'âge de 88 ans. Il était un "survivant irradié" emblématique qui a oeuvré toute sa vie pour le désarmement nucléaire.

30 août 2017, 11:35
Sumiteru Taniguchi est décédé mercredi à l'âge de 88 ans.

Sumiteru Taniguchi, survivant de la bombe atomique de Nagasaki, est décédé mercredi à l'âge de 88 ans. Il était connu pour avoir prôné sans relâche le désarmement nucléaire.

Un temps présenté comme un possible lauréat du prix Nobel de la Paix, il s'est éteint à l'hôpital des suites d'un cancer, selon Nihon Hidankyo, un organisme qui représente les survivants irradiés de Nagasaki et Hiroshima.

Alors tout jeune facteur à Nagasaki, il a vu sa vie basculer le 9 août 1945 à 11h02, quand un bombardier américain B-29 largua l'arme atomique sur cette ville du sud du Japon.

Trois jours après la première attaque nucléaire de l'histoire à Hiroshima, l'explosion détruisit 80% des bâtiments de Nagasaki, dont sa célèbre cathédrale d'Urakami, et provoqua la mort de quelque 74'000 personnes, sur le coup et ultérieurement sous l'effet des radiations.

Peau "comme une serpillière"

"J'ai senti le sol trembler pendant un moment et j'ai cru que j'allais disparaître. Mais je me suis convaincu que je ne pourrais pas mourir comme ça. Quand cela s'est calmé, je me suis rendu compte que la peau de mon bras gauche, de mon épaule et des doigts pendait comme une serpillière", raconte-t-il dans une vidéo tournée en juillet 2015 à l'hôpital de la Croix-Rouge à Nagasaki.

"Comme je ne sentais aucune douleur, j'ai touché mon dos et j'ai vu que ma chemise avait disparu. Il y avait quelque chose de noir et visqueux sur toute ma main. Mon vélo était complètement tordu", raconte-t-il dans cet enregistrement le montrant torse nu, assis sur un lit d'hôpital.

En 2015, lors d’une interview dans son bureau de Nagasaki, Sumiteru Taniguchi montre une photo de lui prise en 1945 (photo Keystone ci-dessous). Sous la peau brûlée, les restes de trois côtes ont repoussés contre ses poumons, rendant la respiration difficile. Et tous les jours, il a dû appliquer une crème hydratante pour réduire l’irritation des cicatrices.

 

 

Politique d'Abe critiquée

En 2015, lors de la cérémonie de commémoration de la bombe de Nagasaki, M. Taniguchi avait marqué les esprits par une virulente critique de la politique du Premier ministre Shinzo Abe à propos du renforcement des prérogatives de l'armée japonaise à l'étranger.

"Les lois de défense que le gouvernement essaye de faire passer risquent de mettre en péril nos longues années d'efforts en faveur de l'abolition de l'arme nucléaire et de briser les espoirs des hibakusha (survivants irradiés)", avait-il dit d'une voix frêle au nom de tous les siens. "Je ne peux pas tolérer ces lois", avait-il ajouté en présence de M. Abe.

"J'ai l'intention de continuer de faire part de mon expérience jusqu'à ma mort, mais je crains que les gens, les jeunes générations en particulier, commencent à s'en désintéresser", avait-il dit en 2003.

 

En 2015, lors d’une interview dans son bureau de Nagasaki, Sumiteru Taniguchi montre les cicatrices laissées par les irradiations:

 

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