Un «oubli» pourrait coûter cher à James Murdoch. Mardi, devant la commission parlementaire qui tentait de faire le jour sur le scandale des écoutes, le fils du magnat de la presse déclarait n'avoir pas eu connaissance d'un e-mail suggérant que les pratiques frauduleuses au sein de «News of the World» n'étaient pas l'uvre d'un seul journaliste. Faux, selon deux anciens employés du tabloïd disparu.
«Afin de clarifier ce qui a été dit devant la commission ( ) mardi, nous aimerions souligner que les souvenirs de James Murdoch sur ce qui lui avait été dit lors du règlement de l'affaire Gordon Taylor sont erronés. ( ) Nous l'avons bien informé de l'existence de l'e-mail pour Neville qui nous a été remis par les avocats de Gordon Taylor», ont déclaré Colin Myler, ex-rédacteur en chef de «News of the World», et Tom Crone, qui dirigeait l'équipe juridique au journal.
Cet e-mail, datant d'avril 2008, est clé. «Neville» n'est autre que Neville Thurlbeck, ancien chef du reportage à «News of the World». Arrêté en avril cette année dans le cadre de l'opération «Weeting» - l'enquête de Scotland Yard sur les écoutes -, il a ensuite été placé en liberté conditionnelle. Dans ce fameux message qui lui était destiné, un membre de la rédaction avait retranscrit le script d'une trentaine d'écoutes téléphoniques interceptées illégalement. Difficile donc pour News International de maintenir sa ligne de défense selon laquelle les écoutes sont l'uvre d'un journaliste isolé.
Or , cet e-mail aurait poussé les dirigeants du groupe à régler à l'amiable un litige avec Gordon Taylor, le directeur opérationnel de l'association des joueurs de football professionnels au Royaume-Uni, qui menaçait «News of the World» de poursuites pour écoutes illégales. Objectif: éviter que cette dangereuse pièce à conviction ne se retrouve entre les mains d'un tribunal qui aurait alors découvert l'étendue des pratiques frauduleuses. Le «prix du silence», pour Gordon Taylor? 600 000 livres, soit près de 800'000 francs.
Nouvelle comparution
Or James Murdoch a clairement expliqué à la commission qu'à l'époque des faits il ne connaissait pas l'étendue des pratiques frauduleuses au sein de «News of the World». Dans ce cas, pourquoi avoir accepté de payer une telle somme à Gordon Taylor? Dans un communiqué distribué par News Corp, James Murdoch, directeur opérationnel adjoint du groupe «maintient ce qu'il a dit lors de son audition». La commission parlementaire souhaite néanmoins qu'il revienne s'expliquer sur ces contradictions. Même le premier ministre, David Cameron, juge que «clairement, James Murdoch doit répondre à certaines questions devant le Parlement».
L'héritier naturel de l'empire Murdoch est attaqué sur tous les fronts. Selon le «Wall Street Journal», le département de la Justice américain «préparerait des injonctions» dans le cadre d'une enquête préliminaire visant News Corp et ses filiales pour des affaires de corruption et de possibles écoutes illégales des victimes de l'attentat du 11 septembre.