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Jacques Chirac devra s'expliquer au tribunal

Jacques Chirac sera jugé pour «détournements de fonds publics» et «abus de confiance» alors qu'il était maire de Paris. L'ancien président s'est dit serein.

31 oct. 2009, 10:44

Jacques Chirac devrait être le premier ex-chef d'Etat français à comparaître devant la justice. Il a été renvoyé hier devant le Tribunal de Paris dans un dossier d'emplois fictifs, dernière en date des affaires politico-judiciaires qui empoisonnent la droite française.

Jacques Chirac, protégé pendant 12 ans (1995-2007) par sa fonction à la tête de l'Etat puis redevenu justiciable ordinaire, sera jugé pour «détournements de fonds publics» et «abus de confiance» alors qu'il était maire de Paris, de 1977 à 1995. Selon la loi, il risque jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende.

Le parquet, représentant le Ministère de la justice, avait requis un non-lieu général fin septembre dans cette affaire. Il peut faire appel dans un délai de cinq jours et la cour d'appel de Paris devrait alors se prononcer.

Le système des «emplois fictifs», sur lequel Jacques Chirac va devoir s'expliquer, lui permettait de rémunérer sur le budget de la mairie de Paris des «chargés de mission» qui n'y avaient en réalité aucune activité.

Parmi les bénéficiaires, on trouvait par exemple le petit-fils du général de Gaulle, Jean de Gaulle, mais aussi François Debré, frère de l'ancien ministre et ancien président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré. Tous des proches de Jacques Chirac.

Jacques Chirac est renvoyé devant le tribunal «pour 21 supposés emplois fictifs sur les 481 emplois examinés par la justice, ce qui exclut toute idée de système durant la période où il a été maire de Paris», s'est défendu son bureau dans un communiqué.

Dans un autre de ses volets judiciaires, ce dossier avait déjà valu en 2004 la condamnation de l'ex-premier ministre Alain Juppé à 14 mois de prison avec sursis et une année d'inéligibilité.

Dès l'annonce de son renvoi devant le tribunal, Jacques Chirac a voulu se présenter en «justiciable comme les autres».

«Il est serein et décidé à établir devant le tribunal qu'aucun des emplois qui restent en débat ne constitue un emploi fictif», a assuré le service de presse de l'ancien président qui se consacre désormais à la fondation qu'il a créée pour le développement durable et le dialogue des cultures.

La décision de la juge a été qualifiée comme «légitime» à gauche, alors que la droite le regrettait au regard de l'ancienneté des faits reprochés et de l'«épreuve douloureuse» pour l'ancien président.

De son côté, le président Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il ne pouvait «faire aucun commentaire» en raison du «principe de la séparation des pouvoirs».

De nombreuses voix se sont également élevées estimant que cette décision tombait tard, près de vingt ans après les faits reprochés à l'ancien chef de l'Etat, et qu'elle risquait de ternir l'image de la France à l'étranger.

La décision de la juge d'instruction Xavière Siméoni intervient alors que les Français viennent d'assister à deux procès retentissants qui sont aussi ceux des turpitudes de leur classe politique. Dans les deux cas, l'ombre de Jacques Chirac a plané sur les débats.

Dans l'Angolagate, le procès fleuve d'une vente d'armes à l'Angola dans les années 1990, l'ex-ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, un ancien de ses proches, a été condamné à un an de prison ferme. Il a demandé la levée du secret défense, en assurant que l'ex-président était parfaitement informé de l'affaire.

Dans le procès Clearstream, qui a pris les allures d'un duel judiciaire entre le président Nicolas Sarkozy et l'ex-premier ministre Dominique de Villepin, certains avocats ont cru voir la main de Jacques Chirac derrière une machination politique qui aurait visé son successeur. /ats-afp-reuters

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