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Israël responsable de possibles crimes contre l’humanité à Gaza

Une enquête de l’ONU accuse Israël de possibles crimes de guerre et de crime contre l’humanité à Gaza. De son côté, le gouvernement israélien a dénoncé «un rapport hostile, mensonger et partial contre Israël».

28 févr. 2019, 12:54
Des travailleurs de santé ou des enfants ont notamment été visés parmi les 6000 personnes victimes de tirs israéliens.

Les enquêteurs mandatés par l’ONU sur les manifestations à Gaza concluent que les forces israéliennes sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité présumés. L’Etat hébreu a dénoncé un rapport «partial».

Devant la presse, le président de la Commission d’enquête internationale indépendante Santiago Canton a mentionné «des indications raisonnables» qui permettent d’aboutir à ce diagnostic. Les trois enquêteurs ont montré une vidéo de quatre minutes qui rassemblent des extraits parmi les milliers qu’elle a pris en compte sur cinq sites de protestation. Ils ont aussi mené 325 discussions avec des témoins et des spécialistes, notamment israéliens.

Au total, les trois spécialistes mandatés par le Conseil des droits de l’homme se sont prononcés sur chacune des 189 victimes tuées dans les rassemblements de fin mars dernier jusqu’à fin 2018 dans le territoire palestinien. Parmi elles, 183 ont été ciblées par des munitions létales par les forces israéliennes.

«Il ne peut y avoir aucune justification» pour le meurtre «de personnes qui ne constituent pas une menace imminente», a expliqué Sara Hossain, une membre de la Commission. Des travailleurs de santé ou des enfants ont notamment été visés parmi les 6000 personnes victimes de tirs.

 

 

Protestations civiles

Ils ont «été intentionnellement» ciblés, a ajouté M. Hossain. La Commission estime que le recours à la force par les forces israéliennes a été «illégal», a renchéri la troisième membre de l’instance, Betty Murungi.

La commission a pris en compte les déclarations israéliennes selon lesquelles les manifestations abritent des «activités terroristes» de groupes armés palestiniens. Elle a identifié des membres de ces entités parmi les personnes rassemblées, mais elle conclut que les protestations étaient civiles avec des objectifs politiques établis.

Elle admet des actes de violence «significatifs», mais qui ne constituaient pas des dispositifs militaires. Les manifestants «étaient largement sans armes», a dit M. Canton. En dehors de deux incidents, selon la Commission.

Elle met en cause malgré tout le Hamas, au pouvoir à Gaza, pour n’avoir pas empêché des débordements. Un soldat israélien a été tué pendant la période du rapport au moment des manifestations hebdomadaires, «mais pas sur l’un des sites de protestations». Plusieurs ont été blessés.

Appel à relayer les données à la CPI

La Commission, tout comme d’autres acteurs, n’a pas pu accéder aux règles d’engagement des forces israéliennes. Mais des indications lors d’auditions devant la Cour suprême laissent penser que celles-ci autorisent à tuer des civils, selon l’instance. Le cas échéant, M. Canton appelle les forces israéliennes à revoir ce dispositif.

Autre problème identifié, seuls quelques blessés ont pu être soignés dans d’autres zones palestiniennes ou dans plusieurs pays, alors que la plupart des demandes ont été rejetées.

Plus récemment, les violences se sont poursuivies. Trois enfants ont été tués il y a quelques semaines. Mais les meurtres ont diminué, constate le président. La Commission appelle tous les parties à la retenue et à protéger les civils conformément au droit international humanitaire (DIH). Les autorités israéliennes n’ont pas répondu à ses demandes pendant les investigations. Un manque de collaboration dénoncé par le président.

La Cour pénale internationale (CPI) avait ouvert il y a cinq ans des investigations préliminaires. Les données de la Commission seront relayées auprès de la Haute commissaire aux droits de l’homme Michelle Bachelet qui est invitée à les faire suivre à cette juridiction internationale.

Rapport «partial»

De son côté, le gouvernement israélien a dénoncé «un rapport hostile, mensonger et partial contre Israël». Le ministre israélien des Affaires étrangères Israel Katz accuse la Commission de ne pas s’être penchée sur les faits.

Il lui reproche la volonté de porter atteinte au droit israélien «à se défendre contre les agissements terroristes d’un groupe meurtrier», le Hamas. Il a imputé la responsabilité des victimes au mouvement islamiste palestinien.

De son côté, le président de la Commission appelle la communauté internationale à étendre les efforts politiques dans cette région. Des indications plus détaillées de cette instance doivent être présentées dans près de trois semaines devant le Conseil des droits de l’homme.

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