Gaza, Cyrille Louis
Les automobilistes le saluent d’un coup de klaxon, les piétons s’arrêtent pour lui serrer la main. Après plusieurs semaines d’absence, Mohammed Abou Assi est de retour sur la corniche qui longe la mer dans le centre-ville de Gaza. «J’avais besoin de faire le point», glisse le cafetier ambulant, adossé à la charrette bariolée qui lui sert d’étal. Son calot blanc et sa longue barbe noire témoignent, dit-il, d’un retour à la religion dicté par les épreuves. Un jour de septembre 2015, ce commerçant connu de tous a tenté de se suicider en avalant de la mort-aux-rats après que la municipalité l’eut chassé de son bout de trottoir en confisquant son matériel. «Ils m’ont dit que ma présence défigurait cet endroit», grimace le jeune père de famille qui, du jour au lendemain, s’est retrouvé sans ressource.
Gravement intoxiqué, il a passé quatre jours dans le coma, durant lesquels...