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Irak: sept manifestants tués en Irak après un accord politique

La contestation contre la classe politique irakienne ne faiblit pas, malgré la violence de la répression. Samedi, sept manifestants sont morts, touchés par des tirs des forces de l’ordre. Les principales forces politiques ont trouvé un accord pour maintenir le pouvoir en place par tous les moyens.

09 nov. 2019, 18:58
Un manifestant emmène un de ses camarades, blessé dans les affrontements avec les forces de l'ordre irakienne, à Baghdad

Sept manifestants ont été tués samedi en Irak, où la capitale avait des airs de champ de bataille avec des manifestants pris sous les tirs. Un accord politique a été trouvé au plus haut niveau pour en finir avec la contestation «par tous les moyens».

Aux abords de la place Tahrir de Bagdad, quatre manifestants ont été tués, trois par des balles et le quatrième touché au visage par une grenade lacrymogène, selon des sources médicales et de sécurité. Plus tôt dans la journée, trois manifestants avaient été tués dans une dispersion à balles réelles à Bassora, ville du Sud où les forces de l’ordre arrêtent désormais quiconque tente de sortir dans les rues.

 

 

Déclenchée le 1er octobre, la contestation réclame le départ de l’ensemble de la classe politique, inchangée depuis des années et jugée corrompue et incompétente.

L’intervention plus musclée des forces de sécurité survient à la suite d’un accord des principales forces politiques qui prévoit de mettre fin aux protestations, y compris par la force, pour maintenir le pouvoir en place. Cet accord pour un «retour à la vie normale» fait craindre davantage de violences.

«C’est fini les manifestations»

En fin d’après-midi sur la place Tahrir, une médecin a affirmé à l’AFP entendre «des tirs à balles réelles» alors que «les forces de sécurité se rapprochent». Dans les rues commerçantes du centre de la capitale, les manifestants s’époumonent: «ils tirent à balles réelles!»

 

 

«Les forces de sécurité nous disent: c’est fini les manifestations, demain tout le monde retourne au travail, mais on a monté des barricades pour qu’elles n’entrent pas à Tahrir, demain personne n’ira au travail», lance un manifestant au milieu des tirs.

Conspué par les manifestants et un temps sur la sellette, le Premier ministre Adel Abdel Mahdi fait désormais consensus parmi partis et hommes politiques. Ceux qui avaient un temps poussé pour son départ, en tête desquels le versatile leader chiite Moqtada Sadr, ont fait volte-face notamment sous la pression de l’Iran voisin et de ses alliés à Bagdad.

«Par tous les moyens»

Après plusieurs réunions ces derniers jours, les principales forces politiques se sont mises d’accord pour des réformes – bien loin des espoirs des manifestants qui veulent une nouvelle Constitution. Mais, surtout, elles ont convenu d’en finir avec la contestation, ont indiqué à l’AFP deux hauts responsables sous couvert d’anonymat.

 

 

D’abord, le général Qassem Soleimani, commandant des opérations extérieures de l’armée idéologique d’Iran, a obtenu deux soutiens de poids à M. Abdel Mahdi, a expliqué l’un des responsables. Celui de Moqtada Sadr et celui du fils du grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité chiite d’Irak, Mohammed Reda Sistani.

Ensuite, «les forces politiques ont convenu de maintenir M. Abdel Mahdi» et donné leur blanc-seing pour «mettre fin aux manifestations par tous les moyens», a indiqué l’autre responsable. Elles ont «concédé des réformes, notamment anticorruption et des amendements constitutionnels». Samedi, signe du déblocage, le Parlement a pu atteindre le quorum et tenir séance.

 

 

A la suite d’appels sur les réseaux sociaux, les Irakiens ont manifesté du 1er au 6 octobre pour réclamer «la chute du régime». Le mouvement a été ensuite suspendu jusqu’au 24 octobre, le temps d’un important pèlerinage chiite. Environ 300 personnes, en majorité des manifestants, ont été tuées et plus de 12’000 blessées, selon un bilan compilé par l’AFP.

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