Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Ils s'engagent pour la santé mentale des adolescents de Palestine

03 sept. 2011, 11:57

Le district d'Hébron compte 250 000 habitants et un seul psychiatre. Ils sont 14 pour traiter les trois millions de Palestiniens. Ce constat a amené Médecins du monde Suisse (MdM) à ouvrir un centre de santé mentale à Hébron il y a deux ans.

Au début, l'équipe a été confrontée à des cas lourds: autisme, psychose, retards mentaux, raconte la psychologue Chiara Béguin qui vient d'y passer deux ans pour la création du premier centre pédopsychiatrique de Cisjordanie. «Puis nous avons pu aborder des cas moins graves: des anxiétés, des névroses», précise la responsable du projet de MdM. «Chez les enfants, les séquelles du conflit sont visibles, ils sont confrontés au quotidien à ce sentiment d'insécurité. Les adolescents eux sont face à un avenir bloqué et ils vivent avec ces images de violence permanente.»

Connaissance du terrain

Plutôt que des traumatismes, elle évoque des micro-traumas. Quelle image ont les enfants d'un père humilié par les soldats? Dans une société patriarcale, un père au chômage ne représente plus une figure pour l'enfant. Cette déstructuration de la pensée est voulue, estime Chiara Béguin. «Malgré tout, on constate une forme de résilience, la solidarité joue et la religion aide», reconnaît la psychologue.

Pour Thierry Tschoumy, secrétaire général de MdM, ce projet à Hébron est unique en son genre. MdM - présent depuis seize ans dans les Territoires occupés - a toujours eu un intérêt pour la santé mentale. «Et nous avons été mandatés par le Ministère palestinien de la santé pour notre connaissance du terrain.»

Si le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) a construit à Hahlul, dans la banlieue d'Hébron, MdM a dû former le personnel qui dépend du ministère. «Nous amenons le soutien technique, mais c'est au personnel local de mener le projet.» Le niveau de formation est hétéroclite, on trouve très peu de gens formés dans le sud de la Cisjordanie. A Ramallah, en revanche, on trouve des psychologues qui ont des compétences similaires à ceux formés en Israël. «Mais il nous fallait absolument du personnel local, pour des raisons de langue et de culture. Nous avons donc mis l'accent sur les connaissances de base», indique Chiara Béguin.

Au début, les assistants sociaux palestiniens pensaient qu'il serait impossible de fixer un rendez-vous au patient: il ne viendrait pas. «Et pourtant, ça marche! Grâce aux procédures et parfois contre leurs habitudes», note la psychologue. Si le centre tourne, rien n'est acquis. Au ministère, il n'y a pas de budget spécifique pour la santé mentale, mais une enveloppe globale. «La tentation de se contenter de la médecine primaire existe», relève Thierry Tschoumy.

Des témoins

Si Halhul est une zone plutôt tranquille, la vieille ville d'Hébron ne vit plus, «c'est devenu l'un des lieux les plus tristes au monde. On y sent les fantômes d'une animation disparue. On ressent la mort d'une culture par étouffement», constate Chiara Béguin. La psychologue clinicienne a pourtant travaillé au Soudan et au Cambodge, mais pour elle cette expérience est émotionnellement difficile.

«Comme travailleurs humanitaires, nous ne sommes pas victimes mais témoins. Nous avons la liberté de nous déplacer, mais nous ressentons ce sentiment d'impuissance, d'oppression.» A Hébron, la photo du Dôme du Rocher à Jérusalem, lieu saint de l'islam, s'affiche partout. «Mais il est impossible pour les hommes âgés de 20 à 50 ans de s'y rendre, alors que nous sommes à 60 kilomètres...»

Votre publicité ici avec IMPACT_medias