Tout commence aux confluences des imaginaires américains et cubains, dans le petit port croquignolet de Cojimar, situé à quelques kilomètres de La Havane. A la droite du Malecón, le minuscule front de mer de la bourgade, des bus déversent une cinquantaine de touristes yankees venus écouter une «Guantanamera» dégoulinante dans le restaurant La Terraza, où Ernest Hemingway buvait du rhum avec Gregorio Fuentes, le capitaine qui a inspiré «Le vieil homme et la mer». A gauche, dans un fortin du 17e siècle, les gardes-côtes surveillent que les habitants ne s’enfuient pas vers les Etats-Unis.
Voici un petit groupe de Cubains. Ils avalent les bières Cristal à la volée. «Des Cubano-Americanos», dit Osmany, la trentaine, avec une pointe de respect, avant d’engager la conversation avec un homme de son âge. Face à lui, Carlos. Le Cubain est parti en 2013 aux Etats-Unis, lorsque les autorisations de sortie pour quitter l’île ont...