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«Il ne faut pas freiner la reprise en coupant dans les dépenses»

Rendez-vous annuel des puissants de la politique et de l'économie, le Forum économique mondial (WEF) de Davos a fermé ses portes hier après quatre jours d'intense activité, marquée par la molle croissance des économies développées et les craintes sur l'euro et les dettes publiques. Analyse.

31 janv. 2011, 12:21

Les couloirs feutrés du Centre des congrès de Davos ont retrouvé le calme hier matin. Les entrepreneurs sont confiants. Ils seraient même aussi optimistes qu'avant la crise et de voir leurs chiffres d'affaires croître cette année. Le débat d'ouverture consacré à la «nouvelle réalité économique» avait vite donné le ton: «Le verre est à moitié plein, mais il est aussi à moitié vide», a lancé le professeur d'économie de l'Université de New York, Nouriel Roubini. D'un côté, les pays émergents se portent bien. Si bien que les débats ne s'y sont pas vraiment arrêtés, hormis pour quelques commentaires admiratifs. Tout au plus s'est-on inquiété d'une surchauffe de l'économie et d'une inflation trop élevée.

Mais comme l'a souligné l'économiste indien Montek Singh Ahluwalia, dont le pays affiche une croissance de 8,5% et une inflation au même niveau, «la situation est maîtrisable». Si peu d'espace leur a été réservé sur le podium, l'importance des nouveaux géants que sont le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine (Bric) n'a pas fait de doute. Dans les allées de la manifestation, sur les panneaux publicitaires des rues davosiennes ou encore dans les cocktails des hôtels de la station grisonne, impossible de passer à côté de la venue en force de ces représentants des puissances économiques montantes.

C'est évidemment l'autre côté, celui du «verre à moitié vide», de l'Europe, des Etats-Unis et du Japon, économies développées confrontées à une croissance anémique et continuant de subir les soubresauts de la crise, qui a mobilisé les discussions avec un défilé de chefs d'Etats et de gouvernements. Après une année de tous les dangers pour l'Union européenne, marquée par le sauvetage de la Grèce et de l'Irlande et les craintes persistantes de voir la crise s'étendre à d'autres pays de la zone euro, le problème de la dette publique a été identifié par la plupart des intervenants comme principale menace pour la prospérité.

David Cameron a insisté sur la nécessité de se débarrasser du «spectre de la dette», le premier ministre britannique plaidant pour un régime d'austérité. La chancelière allemande Angela Merkel a elle demandé plus de coopération politique dans l'Union européenne pour lutter contre le phénomène. A contre-courant des dirigeants européens, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a admis que la dette de son pays n'était pas tenable à long terme. «Mais il faut faire attention de ne pas abîmer la reprise en coupant dans les dépenses trop rapidement. Il faut une croissance solide avant de pouvoir s'attaquer au problème», a-t-il déclaré.

La question de la survie de la monnaie unique a également été au centre des préoccupations. «Jamais nous ne laisserons tomber l'euro. L'euro, c'est l'Europe. Et l'Europe, c'est 60 ans de paix. Ceux qui imaginent que nous pouvons l'abandonner ne comprennent rien à la psychologie européenne», a insisté le président français Nicolas Sarkozy, rejoint par Angela Merkel. Au fil des débats, seul un point a semblé faire l'unanimité. Dans un monde changeant, caractérisé par un glissement du pouvoir, la pénurie des matières premières, la hausse des inégalités, l'instabilité politique et les changements technologiques, il faut un nouveau cadre international.

Le besoin de «normes communes pour une nouvelle réalité», thème choisi par le patron du WEF Klaus Schwab pour l'édition 2011, fait donc l'unanimité. Mais au final, et à l'heure d'un multilatéralisme en perte de vitesse, une question demeure: lesquelles? /SGA-ats

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