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Hulot se lance, la gauche s'inquiète

L'ancien animateur vedette d'«Ushuaïa», Nicolas Hulot, a présenté hier sa candidature à l'Elysée, sans lever l'ambiguïté sur son positionnement politique.

14 avr. 2011, 12:03

Comme un malaise. Parti sur son scooter électrique par une porte dérobée, comme il était arrivé une demi-heure plus tôt, Nicolas Hulot a laissé hier matin journalistes et curieux perplexes devant la salle des fêtes de Sevran (Seine-Saint-Denis), où il a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle française de 2012.

Déclaration solennelle

Se bornant à une déclaration solennelle, le chouchou des Français dans les sondages s'est en effet refusé à l'exercice des questions-réponses. Tandis que, sur le trottoir faisant face à la salle, les quelques Sevranais venus pour certains en famille n'auront pas même pu l'apercevoir.

Sur un mur de la rue Gabriel-Péri, des militants du NPA d'Olivier Besancenot avaient quant à eux placardé des affiches de fortune où l'on pouvait lire: «Les Sevranais ne sont pas une caution sociale!» Un brin embarrassé, l'eurodéputé Jean-Paul Besset tentait de relativiser la situation. «Chaque chose en son temps, aujourd'hui, Nicolas a un message à délivrer. Il reviendra un jour à Sevran, mais hors caméras», assurait-il.

Certes, hier, devant les caméras et micros donc, l'ancien animateur vedette d'«Ushuaïa» a bien levé le voile sur ses ambitions. «Jusqu'ici, je crois que mon mode d'engagement, notamment avec ma fondation, a été utile. Mais j'estime que ma responsabilité maintenant est de passer à une autre étape. J'ai donc décidé d'être candidat à l'élection présidentielle», a-t-il déclaré derrière son pupitre. Mais, sur ses intentions réelles de participer ou non à la primaire d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), il s'est montré moins clair que dans son interview au «Nouvel Observateur» où il affirme: «J'y participerai.»

L'ensemble des écologistes sollicité

Pour porter le «changement de cap» qu'il prône, Nicolas Hulot a soufflé le chaud et le froid. «Je sollicite le soutien de l'ensemble des écologistes et notamment de mes amis d'EELV, dont je me sens le plus proche, mais aussi plus largement de toutes celles et ceux qui ne se résignent pas au déclin conjoint de l'humanité et de la nature», a-t-il lancé, se plaçant ainsi au-dessus du cadre fixé par le parti, qui limite, pour l'heure, la primaire aux seuls 12 000 adhérents et 2000 «coopérateurs» (sympathisants ayant signé le manifeste écolo).

Interrogé peu avant, son ami Besset éludait également la question: «La primaire n'est pas notre obsession. Il reste 400 jours avant la présidentielle. Aujourd'hui, Nicolas s'adresse devant 40 millions d'électeurs, pas devant quelques centaines de militants!» Problème: la primaire n'est pas dans 400 jours mais dans moins de 70!

Aucun Vert «historique» n'a été convié

Fait marquant, aussi: hier, aucun des Verts «historiques», malgré de nombreuses demandes de leur part, n'avaient été conviés pour ce lancement de campagne. Joint par téléphone, l'un d'entre eux confiait craindre un «passage en force» d'Hulot. «Pour les européennes de 2009, Daniel Cohn-Bendit avait pu imposer ses conditions à la direction du parti. Son histoire personnelle le permettait. Pas Hulot...», observait-il, expliquant encore que «le talent de Dany en 2009 fut d'avoir su porter un jeu collectif, pas de jouer les solitaires comme semble le faire Hulot».

Dans son discours, aux accents très sociaux, Hulot a pourtant tenté hier de rassurer le parti. «Ma candidature se situe à l'opposé des choix, des méthodes et de la vision de la majorité actuelle», a-t-il déclaré. Pour autant, il ne semble pas avoir entièrement convaincu, à l'exception notable de... Marine Le Pen qui juge son projet «compatible» avec celui du FN. Chez les écolos comme à gauche, on s'interroge: «Est-ce qu'il est prêt à gouverner, avec qui, sur quelle base?», demande François de Rugy, député EELV.

Hulot invité à clarifier sa position politique

Mêmes doutes au PS. Pour le député Christophe Caresche, animateur du pôle écologique, «ceux qui attendaient, dans leur grande naïveté ou leur grande hypocrisie, un engagement en faveur du candidat de gauche au deuxième tour en seront pour leurs frais!» De son côté, président du groupe PS à l'Assemblée, Jean-Marc Ayrault, salue «une première étape». Mais «la suivante, c'est d'éviter de renvoyer dos à dos droite et gauche», a-t-il ajouté, invitant Nicolas Hulot à «clarifier» sa position politique.

En attendant, Hulot, lui, est sûr d'une chose: «Dans mon esprit, il n'y aura aucun soutien automatique à qui que ce soit.» Bref, le jeu reste ouvert.

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