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Hu Jia libéré et très surveillé

27 juin 2011, 11:43

En trois jours, deux des dissidents chinois les plus connus ont été libérés. Après l'artiste Ai Weiwei, l'activiste Hu Jia, emprisonné depuis plus de trois ans et pressenti pour le prix Nobel de la paix en 2008, est à son tour sorti de prison. Arrivé à 2 heures et demie du matin hier à son domicile de Pékin, le militant de 37 ans était «tranquille et très heureux», selon les premières réactions de sa femme Zeng Jinyan, très active sur Twitter.

L'effet des pressions internationales reste cependant limité, quelques mois après l'un des plus sévères tours de vis du parti sur la dissidence depuis la répression des manifestations étudiantes sur la place Tiananmen en 1989. La libération de l'ancien défenseur des malades du sida, qui avait fini par être le porte-voix des opprimés en général, était prévue de longue date, sa peine de trois ans et demi touchant à sa fin. Les Occidentaux seraient sans doute montés au créneau en cas de prolongation de dernière minute.

Et la sentence n'est pas tout à fait purgée pour Hu Jia, dont le foie est rongé par une hépatite B, puisqu'il devra observer le silence pendant un an sur la scène publique. Pas d'interviews ni d'activités militantes. Sa maison était déjà sous étroite surveillance hier. Il connaîtra «la grande prison après être sorti de la petite», pour reprendre les mots écrits par sa femme, il y a quelques mois, se faisant l'écho des craintes de son époux à l'approche de sa libération. Même traitement pour Ai Weiwei, sommé de ne pas quitter le territoire chinois pendant les douze prochains mois. L'artiste de 54 ans, arrêté le 3 avril dernier pour «crimes économiques» - ce qui avait provoqué l'émoi de la communauté internationale -, a brièvement vu les journalistes à son retour chez lui, mercredi dernier, tard dans la nuit. Très fatigué, il a limité ses interventions et son entourage s'est fait avare de commentaires. Cette année de silence aurait été l'une des conditions de la libération de ce défenseur des droits de l'homme, qui fait toujours l'objet de poursuites judiciaires et attend son procès pour évasion fiscale.

Les 90 ans du PCC

A plus d'un an d'un changement de l'équipe dirigeante, prévu fin 2012, l'appareil politique montre des signes d'une nervosité grandissante. Les inégalités sociales criantes nourrissent une grogne de plus en plus inquiétante. Les révoltes arabes et les appels en février sur le réseau social Facebook - pourtant interdit d'accès par la censure - à une «révolution de jasmin» chinoise ont donné des sueurs froides au pouvoir central.

Human Rights Watch estime que plus d'une centaine de personnes ont été mises à l'ombre en quelques mois. Malgré les libérations sous conditions d'Ai Weiwei et de Hu Jia, des centaines de contestataires du régime sont encore sous les verrous et devraient y rester, ne serait-ce que pour éviter de troubler les commémorations du 90e anniversaire de la création du Parti communiste chinois, prévues vendredi prochain.

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