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Hongrie: invalidation du référendum contestant l'accueil des migrants au sein de l'UE

Le référendum visant à contester la politique de relocalisation des migrants au sein de l'UE a été invalidé car seuls 39% des inscrits se sont exprimés. Là où immigration et menace culturelle sont assimilées, Budapest n'a encore proposé aucune place d'accueil de réfugiés relocalisés.

03 oct. 2016, 07:02
En Hongrie, le référendum anti-réfugiés a été invalidé faute de participation.

Le référendum organisé dimanche en Hongrie pour contester la politique de relocalisation des migrants au sein de l'UE a recueilli 98,32% de suffrages. Mais ce vote est invalidé car seuls 39,9% des inscrits se sont exprimés, selon des chiffres officiels définitifs. Un seuil de 50% était nécessaire.

Au terme d'une campagne contre les migrants qui a mobilisé tout le camp du pouvoir et les médias proches du gouvernement pendant des semaines, le Premier ministre conservateur Viktor Orban a refusé d'y voir un échec. Et celui qui est aussi à la tête du parti au pouvoir le Fidesz d'estimer que les responsables de l'Union européenne (UE) devaient tenir compte de ce résultat "remarquable".

 

Car il y a eu plus de Hongrois qui ont rejeté les quotas de migrants que de Hongrois qui ont voté pour l'adhésion à l'UE lors du référendum sur le sujet en 2003, a-t-il argué, lors d'une conférence de presse. Environ 3'249'000 personnes ont rejeté les quotas de migrants et 3'056'000 électeurs ont dit oui à l'entrée dans l'UE qui s'est faite l'année suivante.

"Bruxelles ou Budapest, telle était la question, et nous avons dit Budapest. Nous avons décidé que la question (migratoire) relevait de la juridiction de la Hongrie", a-t-il ajouté. "Les Européens ne peuvent pas ignorer la volonté de 98,3% des électeurs" hongrois".

Force légale

Le Premier ministre entend ainsi donner force légale au vote des électeurs en proposant "un changement constitutionnel pour refléter la volonté du peuple", selon ses déclarations dimanche soir.

Anticipant une possible victoire contrariée par l'abstention, Viktor Orban n'a cessé récemment d'insister sur le fait que la priorité était le pourcentage atteint par le non. Les dirigeants du Fidesz ont d'ailleurs crié victoire dimanche soir.

 

"Il veut continuer la bataille", mais "sur la scène internationale, c'est une défaite", analyse pour l'AFP Bulcsu Hunyadi, de l'institut Political Capital. Selon lui, "la position d'Orban à la table des négociations est affaiblie".

Le dirigeant du parti d'extrême droite Jobbik, Gabor Vona, seul véritable rival du Fidesz de M. Orban en vue des législatives de 2018, a lui appelé, après les résultats, à la démission du Premier ministre.

Pas à la carte

Porté par le discours d'un gouvernement qui assimile l'immigration à une menace culturelle, aux violences, au terrorisme, Budapest n'a proposé à ce jour aucune place d'accueil de réfugiés relocalisés. Le pays souhaitait par ce référendum s'affranchir de toute obligation de contribuer à l'effort européen de répartition.

La Hongrie est censée accueillir au moins 1294 migrants en vertu du plan européen de répartition de 160'000 demandeurs d'asile adopté voici une année. Celui-ci est toutefois largement resté lettre morte car seulement quelques milliers de migrants ont pu être "relocalisés".

Les responsables européens ont à plusieurs reprises averti que cette solidarité n'était pas à la carte. Mais ils ont peu de moyens de forcer Budapest à remplir ses engagements, alors même que le plan de relocalisation est contesté par d'autres Etats membres et est mis en oeuvre dans la douleur.

Le ministre autrichien des Affaires étrangères Sebastien Kurz a épinglé à son tour le principe des quotas en le jugeant, dimanche dans l'hebdomadaire Welt am Sonntag, "irréaliste" et dangereux pour la cohésion de l'Union européenne.

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