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Gilets jaunes: les mesures annoncées lundi par Emmanuel Macron peinent à convaincre

Les nouvelles concessions annoncées par Emmanuel Macron, et son mea culpa sur sa «responsabilité» dans la crise, peinaient à convaincre mardi l’ensemble des «gilets jaunes». Beaucoup d’entre eux restaient mobilisés, laissant craindre de nouvelles manifestations à hauts risques samedi.

11 déc. 2018, 11:09
Dans son allocution télévisée lundi soir, Emmanuel Macron a notamment promis une augmentation de 100 euros par mois du SMIC.

«Cette fois, il a répondu», titre le quotidien Le Parisien. «Je vous ai un peu compris», ironise en revanche Libération (gauche): la presse était mardi matin à l’image des réactions contrastées des «gilets jaunes» au lendemain de l’allocution décisive du président français, regardée par 21 millions de téléspectateurs.

Hausse de 100 euros par mois pour les employés payés au salaire minimum, annulation d’une taxe sur les petites retraites (sous 2000 euros mensuels), défiscalisation des heures supplémentaires… La France va devoir «sans doute creuser le déficit» public, de manière «strictement temporaire», a estimé mardi le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, en assurant qu’il serait revenu sous les 3% du PIB en 2020.

 

 

Le coût des mesures annoncées lundi se situe «entre 8 et 10 milliards» d’euros, a de son côté confirmé le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux sur BFMTV.

À la probabilité de voir ainsi la France s’affranchir de la règle européenne d’un déficit public en dessous des 3% du PIB, Richard Ferrand a opposé «l’intérêt de l’Europe» d’avoir «une France stable», alors qu’«aujourd’hui nous sommes dans une situation où notre économie recule».

Insuffisant

Mais aussi «fortes» soient-elles, selon les ministres nombreux mardi à défendre dans les médias les annonces de lundi soir, ces mesures n’ont pas réussi à déminer la crise qui perdure depuis plus de trois semaines.

Jacline Mouraud, une porte-parole des «gilets jaunes» réputée modérée, a appelé à «une trêve» en saluant «des avancées, une porte ouverte» du pouvoir. «On a une économie qui s’effondre, des commerçants prêts à mettre la clé sous la porte, on ne peut pas se rendre responsables d’une multitude de dépôts de bilan», a-t-elle plaidé.

 

 

Mais sur de nombreux points de rassemblement, les «gilets jaunes» se sont déclarés «insatisfaits». «On va continuer à se battre, on n’est pas près de partir», a assuré l’un de leurs représentants. – «Rien compris» – «Tout ça, c’est du cinéma», déclarait dès lundi soir Thierry, 55 ans, mécanicien vélo qui partait «bloquer» le péage du Boulou, à la frontière franco-espagnole, juste après le discours présidentiel. «On est remontés à bloc, on est repartis au front», promettait-il.

Moins d’une heure après l’allocution présidentielle, le péage de l’A9 était entièrement paralysé en provenance d’Espagne, a constaté un photographe de l’AFP.

Supprimer l’impôt sur la fortune

Mais «le fait qu’il ne revienne pas sur la suppression» de l’impôt sur la fortune, une des revendications phares des frondeurs, «c’est pire que tout», fustige à Montceau-les-Mines (centre-est) Pierre-Gaël Laveder.

M. Macron n’a pas voulu annuler la suppression de cet impôt, estimant que cela avait permis de créer des emplois. Emmanuel Macron «n’a rien compris de la colère qui s’exprime», a condamné le syndicat CGT. «On a des réponses de court terme, on n’a pas de réponses de moyen et long terme», a regretté Laurent Berger, leader du syndicat modéré CFDT.

 

 

Du côté politique, le président de la commission des finances de l’Assemblée Eric Woerth (LR, droite) a appelé les «gilets jaunes» à «lever le camp des ronds-points». Jean-Luc Mélenchon, leader de la gauche radicale, a lui apporté son soutien à un «acte V», soit un cinquième samedi de mobilisation, malgré les nombreuses violences qui ont marqué les deux derniers week-ends.

De son côté, Emmanuel Macron devait recevoir mardi après-midi des représentants du secteur bancaire puis le lendemain après-midi les grandes entreprises, pour leur demander de «participer à l’effort collectif» sans doute à travers des mesures fiscales.

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