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Gabon: Ali Bongo réélu président, la rue s'enflamme

Des troubles ont éclaté mercredi au Gabon, après la validation de la réélection du président Ali Bongo Ondimba. L'Assemblée nationale a été incendiée et les quartiers populaires de Libreville, la capitale, se sont embrasés.

31 août 2016, 22:24
Les quartiers populaires de Libreville se sont embrasés à l'annonce des résultats électoraux.

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba a été réélu avec 49,80% des voix, contre 48,23% pour son rival Jean Ping. Ces résultats officiels de l'élection de samedi ont été validés mercredi par la commission électorale et proclamés par le ministre de l'Intérieur. L'opposition conteste ce résultat et des émeutes ont éclaté dans la capitale.

Le président sortant devance son rival de 5594 voix, sur un total de 627'805 inscrits. Ce résultat serré et son rejet par l'opposition faisait craindre des troubles post-électoraux. Il n'aura fallu de fait que quelques minutes après la proclamation des résultats pour que les quartiers populaires de la capitale s'embrasent.

En fin de journée, c'était l'Assemblée nationale qui était en flammes et des incendies étaient visibles ailleurs. Des troubles ont également éclaté à Port-Gentil, la capitale économique du pays où des violences avaient déjà marqué la première élection d'Ali Bongo en 2009.

La commission électorale devait initialement proclamer les résultats officiels mardi soir, mais les délibérations à huis clos se sont poursuivies mercredi. Les membres de la commission se sont prononcés à bulletins secrets sur des procès-verbaux contestés par l'opposition. "L'opposition s'est abstenue", a précisé l'un de ses délégués, dénonçant un "passage en force".

 

Recomptage demandé en vain

Mardi, l'ancien ministre des Affaires étrangères Jean Ping s'était dit assuré d'être élu en totalisant près de 60% des voix, contre 38% à Ali Bongo, après le décompte de huit des neuf provinces. Il ne manquait plus que les résultats de la province du Haut-Ogooué, berceau de la famille du chef de l'Etat sortant.

Et c'est précisément cette province qui a affiché un taux de participation de 99,93%, contre 59,46% dans l'ensemble du pays. M. Bongo y a recueilli 95,46% des suffrages, selon les résultats officiels. L'opposition conteste ces chiffres et a demandé en vain un comptage des voix bureau de vote par bureau de vote.

"Nous n'avons pas confiance dans ce processus. Nous n'avons jamais eu confiance", a commenté mercredi le porte-parole de Jean Ping, Jean Gaspard Ntoutoume-Ayi, interrogé au téléphone avant que les résultats définitifs ne soient connus. "Le peuple gabonais n'acceptera pas ces résultats", a-t-il prédit.

Face aux appels répétés de Jean Ping à Ali Bongo pour qu'il reconnaisse sa défaite, le camp du président s'était dit ces derniers jours confiant dans le résultat du scrutin. Le gouvernement avait parallèlement rappelé à de multiples reprises que diffuser d'autres décomptes que celui de la commission électorale était "illégal".

Manque de transparence

De son côté, l'Union européenne a demandé à la commission électorale de rendre publics "les résultats détaillés" de chaque bureau de vote et appelé les protagonistes à maintenir le calme dans le pays. Lundi, la mission d'observateurs de l'UE avait pointé un "manque de transparence" au sein des institutions organisant le scrutin et a déclaré qu'Ali Bongo avait bénéficié d'une préférence dans l'accès aux ressources financières et aux médias.

Les autorités de Libreville ont dénoncé une "ingérence étrangère", après que, en France, le Parti socialiste et deux avocats eurent déclaré publiquement que Jean Ping était vainqueur du scrutin. Ali Bongo a été élu en 2009 après la mort de son père, Omar Bongo, lequel avait dirigé le pays pendant 42 ans.

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