Démantelée fin octobre 2016, la Jungle de Calais n'est plus. Renvoyés ou déplacés à travers la France, tous n'ont pas abandonné leur objectif, l'Angleterre. Malgré la politique "tolérance zéro migrant" de la région, des dizaines, puis des centaines de personnes sont revenues. En mai, elles seraient entre 400 et 600, selon les estimations des associations.
Jeudi, les humanitaires ont écrit au président de la République pour dénoncer les violences dont sont victimes ces personnes et lui demander d'intervenir.
À Calais harcèlement anti-exilés et délit de solidarité redoublent avec @gerardcollomb ! Appel à @EmmanuelMacron pour #RévolutionFraternelle pic.twitter.com/BZEYUibue6
— Bernard Thibaud (@bthibaudsc) 1 juin 2017
Même s'ils sont mineurs, les migrants sont contraints de dormir dans la forêt ou les rues, sont pourchassés par la police, harcelés et violentés.
"Des gazages au réveil dans les sacs de couchage, des sacs de couchage enlevés par les policiers, des gazages d’eau et de nourriture, des coups et blessures" sont leur quotidien, témoignent les associations lors d'une conférence de presse, relayée par FranceTVinfo.
Ne pas nourrir les migrants
Pire, la police empêche les associations de distribuer de l'eau et de la nourriture à midi. Un cordon de CRS empêche les migrants d'accéder aux camions des bénévoles. L'association L'Auberge des migrants raconte le jeu du chat et de la souris pour distribuer des denrées à ces centaines de personnes affamées et assoifées.
Pourtant, le 22 mars passé, la justice avait annulé les arrêtés de la maire de Calais visant à interdire les distributions de denrées alimentaires, comme le rappelle l'Express. Le tribunal a alors considéré ces interdictions comme "une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté".
#Calais : le tribunal administratif de Lille suspend l'arrêté de la mairie qui interdisait la distribution de repas aux migrants. pic.twitter.com/0chooipd5N
— Anaïs Condomines (@AnaisCondomines) 22 mars 2017
Le préfet de la région du Pas-de-Calais, Fabien Sudry, confirme et justifie ces actions policières: "les distributions de repas ne doivent pas conduire à la reconstitution de points de fixation, et sont donc limitées dans l’espace et dans le temps", relaie Le Monde. Les migrants, manifestement considérés comme sous-humains, sont maintenant mis au même rang de pigeons qu'on veut empêcher de pulluler.
Nouvel endroit, distribution éclair avant l'arrivée de la police ! Tout le monde est assoiffé. pic.twitter.com/Aocvo6Iec9
— Auberge des Migrants (@AubergeMigrants) 2 juin 2017
Jungle News, une émission de la chaîne de télévision Arte, a filmé jeudi l'empêchement d'une distribution de nourriture et d'eau. On y voit les membres de diverses associations, telles que Solidarité Catholique, Utopia56 et l'Auberge des migrants, tenter de contacter les autorités, sans succès.
Arte a par ailleurs réalisé un reportage complet de 30 minutes sur le retour de migrants à Calais ainsi que leurs conditions de vie.