Votre publicité ici avec IMPACT_medias

France: Kerviel sera un fugitif s'il n'est pas entré en France à minuit

L'ex-trader Jérôme Kerviel, actuellement en Italie, sera considéré comme un fugitif s'il ne s'est pas présenté au commissariat de Menton à minuit.

18 mai 2014, 14:38
Jérôme Kerviel s'est arrêté à la frontière franco-italienne. Il demande des garanties au président Hollande avant de se livrer à la police.

Jérôme Kerviel a annoncé dimanche qu'il resterait en Italie dans l'attente d'une réponse de François Hollande à sa demande d'immunité pour les possibles témoins des dysfonctionnements qui ont entaché, selon lui, son procès. Sa décision l'expose à un mandat d'arrêt européen.

Le Parquet général de Paris avait invité l'ex-employé de la Société générale, qui avait entamé une marche entre Rome et Paris contre la "tyrannie des marchés", à se rendre avant minuit pour exécuter sa peine de trois ans de prison ferme pour une perte record en 2008 à son ancien employeur.

"Je reste pour l'instant ici, j'attends la réponse du président de la République", a-t-il déclaré à Vintimille, ville proche de la frontière française. "J'attends jusqu'à ce que j'aie une réponse de sa part", a-t-il ajouté, clamant son innocence et dénonçant une décision de justice "inique" et "injuste".

Son avocat, Me David Koubbi, a indiqué qu'il allait de son côté se rendre à Paris et se "tenir à la disposition de la présidence de la République et éventuellement du parquet de Paris".

La défense stigmatise une justice "empressée"

Déplorant "l'empressement" de la justice, il a demandé un sursis à exécution de la peine de son client, rappelant que le parquet disposait d'un délai de cinq ans pour le faire incarcérer.

Le parquet général de Paris a donné à Jérôme Kerviel jusqu'à dimanche minuit pour se rendre au commissariat de Menton, de l'autre côté de la frontière, sans quoi il risque d'être interpellé.

Dans un communiqué diffusé dimanche, il indique que l'ex-trader sera considéré "en fuite" à l'expiration de ce délai de convocation et qu'un mandat d'arrêt européen sera délivré à son encontre. La rapidité de l'exécution de ce mandat d'arrêt dépendra des autorités italiennes mais elle devrait être rapide, a dit une source judiciaire française.

Interrogé samedi sur la demande de l'ancien courtier concernant la protection judiciaire d'éventuels témoins, François Hollande a refusé d'y répondre, indiquant ne pas avoir les éléments nécessaires.

Condamnation pénale confirmée

Le président de la République "est le garant constitutionnel de l'indépendance de l'autorité judiciaire et, à ce titre, il est attaché au respect des décisions prises par les juridictions françaises", a par ailleurs fait savoir l'Elysée, qui a refusé de s'exprimer davantage dimanche.

Le père Patrice Gourrier - qui souhaite se rendre à pied jusqu'à Paris, de préférence avec son protégé - a lui décidé d'entreprendre "un jeûne qui se poursuivra tant que l'incarcération ne sera pas différée".

La Cour de cassation a elle confirmé fin mars la condamnation pénale de Jérôme Kerviel pour abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé, mais a cassé les dispositions civiles de l'arrêt l'obligeant à payer 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts.

La justice devra dès lors se prononcer lors d'un nouveau procès au civil sur le préjudice financier de la banque et le montant des dommages qui lui sont imputables.

"Tapage médiatique"

Jérôme Kerviel a toujours dit que la Société Générale savait qu'il prenait des positions vertigineuses non couvertes. Selon lui, une étude comptable et financière permettrait de montrer que la banque a gonflé ses pertes lorsqu'elle a débouclé ses positions de 50 milliards d'euros.

Il a porté plainte contre son ancien employeur pour faux et usage de faux, escroquerie au jugement et subornation de témoins, des plaintes jugées "abusives" par la banque qui estime qu'elles relèvent de la "dénonciation calomnieuse".

La Société Générale, condamnée en 2008 par la commission bancaire à une amende de 4 millions d'euros pour défaut de contrôle, a reconnu des "défaillances" - depuis réparées - dans son système au moment des faits mais a toujours nié avoir fait preuve de négligence fautive.

Elle a dénoncé samedi la "violence du tapage médiatique orchestré" par son ancien trader, mêlant selon elle "mensonges, amalgames et approximations".

 

 

 

Votre publicité ici avec IMPACT_medias