L'ancien trader de la Société Générale Jérôme Kerviel a été incarcéré lundi à la maison d'arrêt de Nice pour purger sa peine de prison, a annoncé le procureur de la ville Eric Bedos. Il avait été arrêté la veille à son arrivée en France.
Six ans après avoir passé 48 jours en détention provisoire, M. Kerviel a été transféré au parquet de Nice lundi matin pour se voir signifier sa peine de trois ans de prison ferme après avoir fait perdre 4,9 milliards d'euros (6 milliards de francs) à la Société Générale en 2008.
Sa condamnation pénale à 5 ans d'emprisonnement (dont deux avec sursis) pour abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé s'était vue confirmée par la Cour de cassation en mars.
La haute juridiction a toutefois cassé les dispositions civiles de l'arrêt l'obligeant à payer 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts. La justice devra se prononcer lors d'un nouveau procès au civil sur le préjudice financier de la banque et le montant des dommages imputables à Jérôme Kerviel.
Requête au président
Dans une opération de communication savamment orchestrée, l'ex-courtier a laissé planer le doute tout le week-end sur ses intentions, conditionnant tout d'abord son retour en France à une réponse de François Hollande à sa demande de protection de témoins des dysfonctionnements qui ont, d'après lui, émaillé son procès.
Il a finalement décidé dimanche soir de passer la frontière entre l'Italie et la France, où il a été aussitôt interpellé par la police avant de passer la nuit au commissariat de Menton (Alpes-Maritimes).
Sur la radio Europe 1 lundi matin, l'avocat de la Société Générale Jean Veil a jugé scandaleuse cette demande au chef de l'Etat par M. Kerviel. "Dans cette affaire, (...) tous les témoins ont été entendus, M. Kerviel a usé 14 avocats parmi les meilleurs de la place", a souligné Me Veil.
"Comment veut-on que les collaborateurs de la société générale ne se soient pas laissés tromper par le même M. Kerviel? Il ne paie pas pour les autres, il était là pour faire son travail, il est sorti de son mandat et par conséquent, il a été condamné", a estimé l'avocat.
Centaine de partisans
Jérôme Kerviel était arrivé samedi à Vintimille, en Italie, près de la frontière française, dernière étape d'une marche entre Rome et Paris entamée le 5 mars et au cours de laquelle il a rencontré le Pape François au Vatican, selon son entourage.
Mais, à 100 m de la frontière, accueilli par une centaine de partisans acclamant leur nouveau porte-drapeau de la lutte contre la finance, il avait annoncé son intention de rester en Italie tant que le président François Hollande n'assurerait pas une "immunité" aux témoins dans son dossier. Il avait dénoncé par ailleurs des "dysfonctionnements judiciaires".