Le tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine) a rejeté jeudi la demande de réintégration de Jean-Marie Le Pen au Front national (FN), a indiqué son avocat Frédéric Joachim. Les juges ont toutefois reconnu au cofondateur du parti le statut de président d'honneur.
"Le sens de cette décision est que le Front national est condamné à recevoir Jean-Marie Le Pen dans toutes les instances, sous astreinte de 2000 euros (2150 francs) par infraction constatée", a dit M. Joachim. "Je vais le signifier sans délai à la direction du parti".
Le FN est en outre condamné à verser 15'000 euros à son fondateur, notamment pour lui avoir interdit depuis plus d'un an d'exercer ses fonctions de président d'honneur.
L'exclusion de M. Le Pen en tant que membre "n'a pas d'importance et tout ce qui compte c'est la qualité de président d'honneur". "Nous considérons ça comme une victoire pour M. Le Pen", a commenté son avocat.
Si je comprends bien, JMLP est le Président d'honneur d'un parti dont il n'est plus membre ? On vit une époque formidable !
— Thierry_PELTIER (@Thierry_PELTIER) 17 novembre 2016
Enième rebondissement
Cette décision est le énième rebondissement judiciaire dans la guerre que se livrent le père et la fille. Depuis qu'elle a pris les rênes du FN, Marine Le Pen tente de normaliser l'image du parti. Dans le cadre de cette stratégie dite de "dédiabolisation", elle a peu à peu pris ses distances avec son père, condamné à plusieurs reprises pour ses déclarations racistes ou antisémites.
La rupture a été définitive en avril 2015. L'octogénaire avait alors de nouveau qualifié les chambres à gaz de "détail" de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, ce qui lui a valu une nouvelle condamnation. A l'été 2015, Marine Le Pen l'a fait exclure du FN à l'issue d'un long bras de fer qui lui a valu de perdre trois premières manches judiciaires contre son père.