Les époux Le Guennec, accusés d'avoir recélé 271 oeuvres de Pablo Picasso entreposées sur une étagère au fond de leur garage durant près de 40 ans, ont été condamnés vendredi à deux ans de prison avec sursis. Les oeuvres seront restituées à la famille.
Les héritiers du maître espagnol estimaient que le couple avait obtenu ces pièces, estimées à plusieurs dizaines de millions d'euros, de manière frauduleuse. Le procès s'était ouvert le 10 février devant le tribunal correctionnel de Grasse (Alpes-Maritimes).
Une enquête menée par l'office central de lutte contre le trafic de biens culturels puis une instruction ont été ouvertes après la découverte de ces oeuvres en 2010. Elles étaient non répertoriées au moment du décès du peintre en 1973.
Pierre Le Guennec, 75 ans, qui travaillait en tant qu'électricien dans la villa du couple Picasso à Mougins, près de Cannes, a déclaré au procès avoir reçu un carton contenant les oeuvres au début des années 1970 des mains de Jacqueline Picasso, la dernière femme de l'artiste. "Un soir, Madame m'a appelé dans le couloir alors que je partais et m'a dit : 'ça c'est pour vous'", avait-il dit.
Oeuvres non signées
Affaibli par la maladie, il a assuré qu'il n'avait pas conscience de la valeur de ce don et n'avoir même pas regardé le contenu précis de la boîte. Le couple a affirmé ne pas avoir touché le carton durant des décennies jusqu'en 2009-2010, lorsqu'ils ont décidé de contacter les héritiers de Picasso afin de faire authentifier les oeuvres.
Ces derniers ont estimé que ces pièces avaient incontestablement été réalisées par l'artiste entre 1900 et 1932 mais se sont étonnés qu'elles n'étaient pas signées.
Le représentant du ministère public s'est également étonné que l'ancien électricien n'ait pas ouvert le carton lorsque Jacqueline Picasso le lui a offert. Un des avocats de la partie civile a accusé Pierre Le Guennec d'être au coeur d'un "blanchiment international d'oeuvres volées".