De l'Alsace à la Bretagne, en passant par Angoulême, des milliers de personnes ont manifesté samedi en France contre le projet de réforme territoriale du gouvernement. De 8500 à 15'000 personnes ont notamment défilé au son des binious à Nantes pour une Bretagne "réunifiée".
Les manifestants ont réclamé un rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, une option écartée dans le projet de réforme. "Il s'agit de refuser le statu quo, et de dire non à la fusion de la Bretagne et des Pays de la Loire", a expliqué Jean-François Le Bihan, président de Bretagne Réunie, une des associations organisatrices.
Une pancarte arborait un photomontage de François Hollande avec les moustaches du maréchal Pétain, qui signa le décret séparant la Loire-Atlantique de la Bretagne en 1941. Un cliché sous-titré: "C'est en faisant n'importe quoi qu'on devient n'importe qui".
Dans le cortège, on apercevait les chanteurs Alan Stivell et Gilles Servat. Le défilé regroupait des militants de tous bords, des écologistes à l'UMP et du PS aux centristes de l'UDI, en passant par l'Union démocratique bretonne, le Parti breton et le collectif des Bonnets rouges.
Contre la "technocratie"
Les manifestants, qui réclament le rattachement de la seule Loire-Atlantique à la Bretagne, s'opposent au statu quo - régions Bretagne et Pays de la Loire inchangées - proposé par l'actuel projet de réforme territoriale, ainsi qu'aux souhaits de fusion des deux régions émis par plusieurs responsables des Pays de la Loire.
Le député écologistes François de Rugy a appelé "la démocratie (à) reprendre le pas sur la technocratie". "La Bretagne est une nation millénaire, plus que millénaire", a de son côté martelé Alan Stivell. Le 19 avril, une manifestation similaire à Nantes avait rassemblé entre 5500 et 10'000 personnes, selon la police et les organisateurs.
Mercredi, plusieurs personnalités bretonnes, dont Alan Stivell et l'écrivain Yann Queffélec, étaient venues défendre à l'Assemblée nationale le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne.
Manifestations en Alsace
Le projet de réforme territoriale visant à réduire le nombre de régions est loin de faire l'unanimité au parlement, où le débat initialement prévu au Sénat début juillet a été reporté jeudi, faute de majorité prévisible pour le texte.
En Alsace, quelque 200 personnes, selon la police, se sont rassemblées samedi à Strasbourg, et autant à Colmar, pour protester contre la fusion de l'Alsace et de la Lorraine. Officiellement apolitique, l'appel à manifester avait été soutenu par diverses associations régionalistes.
A Angoulême, 550 personnes, selon la police, ont défilé samedi matin pour le rattachement de la Charente et de la Charente-Maritime à l'Aquitaine, alternative à la fusion des régions Poitou-Charentes, Limousin et Centre proposée par le gouvernement.