Des joueurs de poker, parmi lesquels trois Italiens, ont été condamnés mercredi par la justice française à des peines allant jusqu'à 3 ans de prison. Ils ont floué un casino grâce à un stratagème ultra-sophistiqué: des lentilles de contact infrarouges lisant les cartes marquées à l'encre.
Trois joueurs italiens, deux responsables de casinos de la Côte d'Azur, et le jeune fils d'un croupier jouant l'intermédiaire, s'étaient associés dans cette affaire, longuement décortiquée mercredi devant le tribunal correctionnel de Grasse (sud).
Le président du tribunal Marc Joando s'est visiblement délecté toute la journée de cette rocambolesque méthode opératoire qui pourrait être "une première en Europe".
Quatre des prévenus, arrivés libres, ont été condamnés et écroués à l'issue de l'audience. Parmi eux, un Italien de 56 ans, qui s'est lui-même présenté comme un "joueur et tricheur de renommée internationale", selon le président.
Techniques à l'ancienne
Le 14 août 2011, au casino "Les Princes" à Cannes, il scrutait les cartes des autres joueurs avec ses lentilles infrarouges achetées en Chine via Internet lorsqu'un de ses complices se mettait à renifler.
"Un mélange de techniques à l'ancienne et de haute technologie?", s'est interrogé le président du tribunal. "C'était bon", acquiesce avec un petit rire le prévenu, qui avait même revendu des kits chinois, achetés 2000 euros, à des amis italiens.
"Parmesan" et son complice, "l'Israélien", absent au procès, empocheront 70'000 euros. Mais lorsque le tricheur italien revient au même casino deux mois plus tard et quitte sa table de jeux avec 21'000 euros, il est interpellé.
Au total, sept personnes étaient jugées dans cette affaire, parmi lesquelles deux anciens cadres des casinos de Cannes et Nice, dont l'un avait fourni le jeu de cartes truqué.
Intermédiaire français condamné
Egalement à la barre, un autre prévenu a été qualifié par le procureur de "professionnel de la triche", et a été condamné à trois ans de prison ferme et 100'000 euros d'amende. Le Turinois avait déjà été condamné en 2001 à Monaco pour une affaire de tricherie dans les jeux (commise en 1996).
Le porteur de lentilles a pris deux ans ferme et 100'000 euros d'amende. Un troisième Italien a écopé de 30 mois de prison et 50'000 euros d'amende. Le jeune intermédiaire français qui avait hérité du carnet d'amis italiens et français de son défunt père croupier, a été condamné à 3 ans de prison et 50'000 euros d'amende.
Quant aux deux cadres des casinos de Nice et Cannes, ils ont pu repartir libres, le tribunal n'ayant pas requis le mandat de dépôt, malgré une condamnation à deux ans de prison dont un avec sursis et 40'000 euros d'amende. Un autre responsable français de casino, en contact avec le groupe de tricheurs, a été relaxé.