Une femme active sur cinq (20%) en France a dû faire face, au cours de sa vie professionnelle, à une situation de harcèlement sexuel, dévoile vendredi une enquête de l'Institut français de l'opinion publique (Ifop) pour le Défenseur des droits. Seuls 5% des cas ont été portés devant la justice.
Le sondage révèle que les victimes sont le plus souvent des femmes ayant un certain niveau de responsabilité (30% de professions libérales et de cadres supérieures), exerçant leur profession dans des structures de taille réduite et, en particulier, dans des environnements professionnels majoritairement composés d'hommes (35%).
Gestes ou propos à connotations sexuelles
Pour les trois quarts des femmes victimes (75%) de harcèlement sexuel au travail, il s'agissait de gestes ou propos à connotation sexuelle répétés, malgré leur absence de consentement.
Dans trois cas de harcèlement sur dix (30%), les femmes victimes affirment qu'elles se trouvaient dans une situation d'emploi précaire. Les victimes préfèrent souvent garder le silence: trois sur dix (29%) indiquent ne s'être confiées à personne.
Pour 40% d'entre elles, l'affaire s'est terminée à leur détriment, tandis que 35% considèrent que l'affaire s'est terminée au détriment de l'auteur.
Le nombre de situations de harcèlement sexuel au travail qui ont été portées devant la justice est en tout cas marginal: seuls 5% des cas évoqués ont fait l'objet d'un procès devant un tribunal.
Un problème pas assez reconnu
La majorité des Français (64%) estime qu'il est fréquent qu'une personne travaille dans un environnement avec des blagues à caractère sexuel (15% jugent même la situation très fréquente).
Et près de neuf actifs sur dix (89%) considèrent que le harcèlement sexuel n'est pas suffisamment reconnu dans les conditions de travail.
Le sondage a été réalisé en ligne du 15 au 24 janvier auprès d'un échantillon de 1005 personnes (dont 615 femmes actives âgées de 18 à 64 ans), selon la méthode des quotas.
En août 2012, la loi avait précisé en France la définition du harcèlement sexuel, que le droit européen reconnaît comme une discrimination.