Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Fin de cavale pour Goran Hadzic

21 juil. 2011, 10:29

La chasse à l'homme dans l'ex-Yougoslavie est terminée. Après l'arrestation de celui qui fut le chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, le 26 mai dernier, il ne restait plus qu'un criminel de guerre toujours en fuite dans les Balkans: Goran Hadzic. L'ancien président de la République serbe autoproclamée de Krajina (RSK), en cavale depuis huit ans, a été interpellé hier en Serbie, dans un monastère près de Novi Sad (Nord), au cœur des monts idylliques de Fruska Gora. Il était armé, selon certaines sources, mais n'a opposé aucune résistance lors de son arrestation.

Il avait disparu de son domicile de Novi Sad, le 13 juillet 2004, juste avant que le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye ne délivre un mandat d'arrêt contre lui. Quatorze chefs d'accusation sont retenus contre lui, dont persécution pour des motifs politiques, raciaux et religieux, extermination, meurtre, torture, déportation, traitement cruel, destruction gratuite de villages.

Il est surtout soupçonné d'avoir fait partie d'une entreprise criminelle «visant au déplacement forcé permanent de la majorité croate et non serbe de la population d'environ un tiers du territoire de la République de Croatie dans le but de l'intégrer à un nouvel État d'obédience serbe».

Le massacre du Vukovar

L'ancienne procureur du TPIY, Carla Del Ponte, disposait en 2004 d'une équipe à Novi Sad, chargée de surveiller et de photographier le suspect, au moment où le mandat d'arrêt fut transmis au ministre serbe des Affaires étrangères. Goran Hadzic tondait son gazon, lorsqu'il reçut un mystérieux appel sur son téléphone portable. «Et là», raconte Del Ponte, «on l'a vu entrer dans sa maison, pour immédiatement en ressortir, avec un sac» et disparaître au volant de sa voiture.

Goran Hadzic, âgé de 52 ans, n'était avant la guerre qu'un simple ouvrier agricole. Son zèle et sa détermination vont en faire un chef de guerre cruel et redouté. Lorsque éclatent les hostilités entre troupes serbes et milices croates en août 1991, il participe au siège de la ville croate de Vukovar, verrou sur la route de Zagreb. L'«Alamo» croate tombe en novembre, après un siège sanglant de trois mois. Sur ordre de Hadzic, 250 personnes, civils et militaires, sont achevées dans l'hôpital de Vukovar.

Dernier obstacle

De 1992 à 1994, Goran Hadzic est nommé président de la Republika Srpska de Krajina, avec l'aval du chef de l'État serbe, Slobodan Milosevic. Il fuit la région lorsque se déclenche l'opération «Tempête», la reconquête de la Krajina par l'armée croate en août 1995.

Avec son arrestation disparaît le dernier obstacle théorique au principe de l'adhésion de la Serbie à l'Union européenne, qui avait toujours fait de la traque des criminels de guerre un préalable à cette perspective, bien que le rapprochement avec Belgrade ait commencé en 2005.

«Avec cet événement, la Serbie met un terme à l'épisode le plus difficile de sa coopération avec le tribunal de La Haye», a déclaré hier le président serbe, Boris Tadic.

Depuis sa première audience en 1994, le TPIY a dressé une liste de 161 criminels de guerre. Le bilan est éloquent: 131 d'entre eux ont été arrêtés ou se sont rendus de leur propre gré. Vingt ont été blanchis de tout soupçon, tandis que dix sont décédés avant d'avoir pu être jugés.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias