La pénurie d'informations sur les explosions de Tianjin et d'éventuels rejets de composants toxiques provoquait vendredi le scepticisme et la colère des internautes chinois. Mais nombre de réactions étaient promptement supprimées par les censeurs.
Les déflagrations survenues mercredi soir dans une zone portuaire de Tianjin (est de la Chine) ont suscité un intérêt soutenu sur le web, où les photos spectaculaires montrant des barrières de flammes, des rangées de voitures calcinées et des conteneurs éventrés étaient largement partagées.
Mais l'indignation dominait vendredi sur les réseaux sociaux chinois, après une conférence de presse des responsables municipaux de la ville qui ont assuré ignorer encore quelles substances dangereuses étaient gardées dans l'entrepôt incriminé.
700 tonnes de cyanure
Selon les Nouvelles de Pékin, il s'agirait de centaines de tonnes de produits chimiques hautement toxiques, dont au moins 700 tonnes de cyanure de sodium. L'article du quotidien n'était plus disponible en ligne vendredi, ce qui avivait une suspicion générale.
"A quoi bon faire une conférence de presse si vous ne savez même pas que des stocks de substances dangereuses doivent être entreposés loin des lieux d'habitation?", s'insurgeait un internaute. "Vous avez perdu toute crédibilité", fustigeait un autre usager de Weibo, la principale plateforme de microblogs de Chine.
"Chaque fois qu'une catastrophe arrive en Chine, les médias d'Etat se répandent en articles sur les actes d'héroïsme des sauveteurs (...) et l'émotion fait oublier les questions sur les origines du désastre", ironisait le même microblog.
Censure généralisée
Un autre message dénonçait la censure généralisée: "Pourquoi la diffusion en direct (à la télévision) de la conférence de presse s'est-elle interrompue brusquement quand une journaliste a demandé pourquoi 700 tonnes de produits hautement toxiques et inflammables étaient stockées au centre-ville?".
Face au déluge de réactions négatives, les ciseaux de la censure s'activaient tous azimuts - selon Weiboscope, un logiciel des chercheurs de l'Université de Hong Kong recensant les messages de réseaux sociaux supprimés en Chine continentale.
Parmi les posts retirés jeudi ou vendredi par les censeurs: "Espérons que le gouvernement livrera la vérité", ou encore "On a l'impression de suffoquer rien qu'en voyant la vidéo (des explosions)".