A minuit, vendredi, la ville de Santa Cruz de la Sierra, deux millions d’habitants, locomotive économique de la Bolivie, s’est figée. Au matin, les riverains ont pu observer un étrange phénomène: comme si un sort avait été jeté à la plus grande métropole du pays, pas une voiture ne circulait dans les rues d’ordinaire si actives. Entreprises et boutiques avaient le rideau baissé. Le silence qui régnait laissait pour une fois apprécier le chant des oiseaux.
La vie reprenait tous les 500 mètres, à chaque carrefour transformé en point de «blocage». Un alignement de chaises en plastique, de voitures, de matelas, de pavés, de branchages, de jouets d’enfant parfois, tirés des habitations avoisinantes, empêchait tout véhicule de passer, ambulances et pompiers exceptés. A 10 ou 20, malgré la chaleur, des volontaires ayant répondu à l’appel de plusieurs organisations citoyennes et professionnelles veillaient à ce que soit respecté dans le calme...