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Ethiopie: onze ans de prison pour deux journalistes suédois

Le procès a été critiqué par les organisations de défense des droits de l'Homme et des médias.

27 déc. 2011, 12:32
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Deux journalistes suédois reconnus coupables de "soutien au terrorisme" et d'entrée illégale en Ethiopie ont été condamnés mardi à onze ans de prison à Addis Abeba.

"La peine doit être une condamnation à onze ans de prison", a déclaré le juge Shemsu Sirgaga, lors de l'audience d'un tribunal de la capitale éthiopienne. "Cette peine remplit l'objectif de paix et de stabilité".

Le reporter Martin Schibbye et le photographe Johan Persson avaient été reconnus coupables la semaine dernière. L'accusation avait alors requis un total de 18 ans et demi de prison à leur encontre.

Les Suédois avaient été arrêtés le 1er juillet près de la frontière somalienne avec des rebelles du Front national de libération de l'Ogaden (ONLF), un mouvement qui lutte pour l'indépendance de l'Ogaden, une région du sud-est de l'Ethiopie à majorité somalie qu'ils disent marginalisée par Addis Abeba.

Sans émotion

Au cours du procès, les deux hommes avaient admis avoir pénétré illégalement sur le territoire éthiopien et être entrés en contact avec l'ONLF, mais uniquement pour enquêter sur les activités du groupe pétrolier suédois Lundin Petroleum. Ils ont toujours plaidé non coupables des accusations de terrorisme.

A l'énoncé de leurs peine, les Suédois n'ont montré aucun signe d'émotion. Aucun membre de leur famille n'était présent. "En tant qu'avocat des accusés, je ne suis pas d'accord avec la décision," a déclaré Me Abebe Balcha. Il compte s'entretenir jeudi avec MM. Schibbye et Persson, pour décider "si nous faisons appel ou non".

L'association des journalistes suédois a de son côté demandé à Stockholm d'intervenir, estimant que le procès avait été "politique". "Une lourde responsabilité repose maintenant sur les épaules du gouvernement suédois pour régler l'affaire au niveau politique," a estimé son président, Jonas Nordling, dans un communiqué. "Le gouvernement doit montrer que la Suède fait tout son possible pour soutenir et défendre la liberté de la presse."

Le ministère suédois des Affaires étrangères n'a pas pu être joint immédiatement par l'AFP. Mais dans une déclaration à l'agence TT, son porte-parole, Anders Jörle, a déclaré: "Nous ne resterons pas passifs". La semaine dernière, au prononcé du verdict, le premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, avait demandé à Addis Abeba de libérer les journalistes "aussi vite que possible".

"Prisonniers de conscience"

"Que cherchent les autorités éthiopiennes? A décourager quiconque voudra désormais se rendre en Ogaden, comme l'avaient fait ces deux journalistes. A envoyer un signal à la presse, tant nationale qu'internationale, sur les risques de se voir lourdement condamner pour terrorisme quand vos enquêtes dérangent", a quant à elle dénoncé mardi Reporters sans frontières.

D'autres organisations de défense des médias et des droits de l'Homme avaient fustigé le verdict la semaine dernière.

Pour Human Rights Watch (HRW), il prouvait que la clause de la loi éthiopienne sur "le soutien au terrorisme" avait pour but principal d'étouffer le travail des journalistes. Amnesty International avait qualifié les deux journalistes de "prisonniers de conscience".

Bereket Simon, porte-parole du gouvernement éthiopien, a balayé mardi ces accusations, estimant qu'elles venaient des "mêmes organisations qui ne s'intéressent qu'à un changement de régime" dans le pays. "Nous avons l'impression que ces personnes ne comprennent pas le concept d'Etat de droit", a-t-il ajouté, rejetant aussi l'appel à la libération des deux hommes lancé par Stockholm.

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