Régnant sur la Turquie depuis 2003, un record de longévité depuis l’instauration du multipartisme en 1946, Recep Tayyip Erdogan neutralise toute opposition autour de lui, profite du putsch raté du 15 juillet pour accélérer les purges, ambitionne de redonner à la Turquie ses fastes ottomans. Le président turc est-il le nouveau Père de la nation? Les explications de Jean-François Pérouse, directeur de l’Institut français d’études anatoliennes à Istanbul et coauteur, avec le journaliste Nicolas Cheviron, de la première biographie en français du chef d’Etat turc*.
Erdogan fait souvent référence à Atatürk dans ses discours. Pourtant, tout semble opposer le président islamo-conservateur et le Père de la Turquie laïque?
Le souci de l’homme d’Etat Erdogan, c’est de s’inscrire dans la continuité historique, quitte à réinterpréter l’histoire à son profit. Ses références à Atatürk ne sont pas que superficielles et stratégiques. En fait, ni l’un ni l’autre ne sont des dogmatiques. Ce...