Huit heures du matin – et encore quelques poussières de fatigue au fond des yeux. Pour Senel, la nuit fut courte et intense. Ce dimanche 24 juin, le cœur de la jeune Stambouliote de 26 ans penche pour Muharrem Ince, le favori des anti-Erdogan. «Il est notre dernier espoir», glisse-t-elle, un peu stressée. Le lycée où elle vote s’appelle Findikli. Il est au cœur de Gumussuyu, à Istanbul, à deux pas de la place Taksim.
Sous un soleil timide, les électeurs arrivent d’un pas enjoué, parfois un café dans la main. L’ambiance est détendue, mais l’appréhension palpable. «Je n’aurais jamais imaginé que l’opposition parvienne à se mobiliser si rapidement, malgré l’annonce d’élections anticipées. Ça donne envie de croire au changement», énonce un habitant de ce quartier libéral, qui préfère taire son nom.
Aux environs de 10h, un petit attroupement se concentre à l’entrée. Ahmet Sik, la star du journalisme...