La nuit fut longue, mais joyeuse. Les yeux rougis de fatigue, Elif affiche un sourire triomphant. «Nous avons sauvé la démocratie turque», exulte la jeune Stambouliote, en distribuant des accolades à ses amies. Il est 7h ce lundi matin, au départ des bateaux qui filent vers la rive asiatique, et l’habituel petit café entre copines du début de semaine a soudain pris des airs de fête. «Tout ira bien! Tout ira bien!», renchérit la jeune femme, employée de banque, en écho au cri de ralliement d’Ekrem Imamoglu, le nouveau maire d’Istanbul, élu dimanche contre son rival de l’AKP, le parti au pouvoir en Turquie, avec plus de 54% des voix.
La victoire est doublement symbolique. En remportant haut la main cette élection, qui se jouait pour la deuxième fois sous pression du parti d’Erdogan. le président turc, et sous prétexte d’irrégularités, Imamoglu retrouve non seulement son fauteuil de maire...