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Environnement: le pape François appelle à protéger l'Amazonie

Le pape François est arrivé vendredi matin dans le sud-est du Pérou où il a tenu un discours en faveur de l'Amazonie et de ses peuples autochtones.

19 janv. 2018, 19:34
/ Màj. le 19 janv. 2018 à 20:55
Le pape a été accueilli par des indigènes qui ont dénoncé la venue de groupes pétroliers, forestiers et miniers.

Pour sa première visite en Amazonie, le pape François a lancé vendredi au Pérou un plaidoyer en défense du poumon vert de la planète. Il s'est adressé à des milliers d'indigènes en quête de la protection de la "selva" pour sauvegarder leurs terres.

"Probablement, les peuples autochtones amazoniens n'ont jamais été autant menacés sur leurs territoires", a estimé François, déplorant "les blessures profondes que portent en eux l'Amazonie et ses peuples". Arrivé dans la matinée à Puerto Maldonado, ville du sud-est du Pérou entourée de jungle, le pape argentin s'est rendu directement au Colisée, bâtiment où l'attendaient avec impatience plusieurs milliers d'indigènes péruviens, brésiliens et boliviens.

Il a été accueilli par des chants et des danses de différentes tribus, portant tenues traditionnelles, couronnes de plumes et colliers de dents d'animaux pour certains. Après avoir écouté les discours de plusieurs indigènes racontant les menaces pesant sur leurs terres, il a pris la parole.

 

 

Dénonçant tour à tour "la forte pression des grands intérêts économiques qui convoitent le pétrole, le gaz, le bois, l'or, les monocultures agro-industrielles", mais aussi la politique de protection de certains Etats qui "accaparent de grandes superficies de terre et en font un moyen de négociation", le pape a appelé à un dialogue entre les églises locales amazoniennes et les indigènes.

Il a fustigé "l'exploitation minière illégale" d'or, particulièrement forte dans la région de Madre de Dios, dont Puerto Maldonado est la capitale, et son effet pervers, "la traite de personnes: la main d'oeuvre esclave ou l'abus sexuel". "La violence à l'encontre des adolescents et des femmes est un cri qui parvient au ciel", a-t-il lancé.

Menacés par l'exploitation des forêts et des ressources naturelles, les indigènes espéraient un message fort du pape François lors de cette rencontre inédite. "Nous vous demandons de nous défendre", a lancé, à la tribune, une représentante du peuple Harakbut, Yesica Patiachi. "Si on nous enlève nos territoires, nous pouvons disparaître".

Arc, flèche et épervier en cadeaux

"J'ai 67 ans. Je me souviens que notre territoire était beau, avec des plantes et des poissons en abondance", a déclaré Luzmila Bermejo, du peuple Awajun. "Les groupes pétroliers, forestiers et miniers sont venus... tout cela nous a pollués et affaiblis. Ils ont agressé la forêt".

Les cadeaux des indigènes pour le pape symbolisaient cet appel au secours: un arc et une flèche pour les protéger, de la part de la communauté Ese Eja, ou un épervier empaillé, animal qui alerte des dangers, de la tribu Nueva Oceania - Boca Shipiwi.

Après cette rencontre, le pape s'est exprimé sur une esplanade à l'extérieur du Colisée, où des milliers d'habitants patientaient depuis des heures malgré la chaleur écrasante. Il s'y est insurgé contre "l'esclavage sexuel" et les innombrables violences faites aux femmes et aux adolescentes, entretenus par une "culture machiste".

Le foyer d'un prêtre suisse

Il a ensuite visité un foyer accueillant 40 enfants et adolescents, abandonnés, victimes de violences ou exploités, fondé par un prêtre suisse, le père Arbex, aujourd'hui âgé de 75 ans, à Puerto Maldonado. Il a ensuite déjeuné en petit comité avec neuf leaders indigènes avant de retourner à Lima dans l'après-midi.

Pour François, cette rencontre constitue un puissant coup d'envoi aux préparatifs de l'assemblée mondiale des évêques (synode) d'octobre 2019, consacrée à l'Amazonie. Dans son encyclique "Laudato si", son texte à tonalité très sociale sur l'écologie, le pape s'est attaqué à l'exploitation de la forêt amazonienne menée par "d'énormes intérêts économiques internationaux".

Vendredi, il devait d'ailleurs distribuer son encyclique, tout juste traduite dans plusieurs langues indigènes. L'Eglise est consciente de l'histoire sanglante de l'évangélisation de l'Amérique latine au 16e siècle et reconnaît qu'elle n'a pas toujours traité avec respect les peuples d'Amazonie. Mais elle estime être aujourd'hui engagée dans de nombreux projets pour aider les peuples amazoniens à préserver leurs coutumes et leur identité.

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