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Embarras occidental

03 mars 2011, 07:30

Les menaces brandies hier par Kadhafi de mettre le pays à feu et à sang en cas d'intervention militaire étrangère ne sont pas à prendre à la légère. Il faut certes faire la part des effets de manches et des rodomontades consubstantielles à la moindre intervention du guide de la révolution libyenne. Et l'opposition, qui commence à s'organiser, dispose maintenant d'un armement considérable saisi dans les arsenaux et casernes désertés.

Mais le pouvoir de nuisance du colonel reste non négligeable. Il jouit toujours du soutien d'une petite partie de l'armée, de sa garde rapprochée et de ses mercenaires. Ses réserves financières, de plus, sont considérables, ce qui lui permet de rétribuer généreusement ses affidés. Les contre-attaques lancées hier par ses forces contre les villes de l'est du pays récemment libérées sont là pour en témoigner.

Habitué au pouvoir absolu, persuadé jusqu'au délire qu'il ne peut être renversé, le colonel, se sachant perdu, pourrait fort bien déclencher des opérations sanglantes pour en faire porter la responsabilité aux Occidentaux si ceux-ci décidaient d'intervenir. Les Etats-Unis et l'Otan devront donc y regarder à deux fois avant de lancer une offensive, même limitée. Les Occidentaux ayant choyé ou toléré Kadhafi quatre décennies durant, il leur sera difficile de faire croire qu'ils n'agissent qu'au nom des grands principes démocratiques. Les enjeux réels, ce sont évidemment les colossales ressources pétrolières de la Libye.

Or, en Irak comme en Afghanistan, les populations se retournent aujourd'hui contre les forces d'occupation, ouvrant du même coup une voie royale aux mouvements islamistes radicaux. Un phénomène identique pourrait se produire en Libye.

Une intervention occidentale pourrait en outre humilier un peu plus un monde arabe en plein processus de libération et le fédérer contre l'Occident. En fait, il y a une chose sur laquelle tant la Ligue arabe que le clan Kadhafi et une bonne partie des insurgés sont d'accord: c'est le refus de toute intervention étrangère. Passer outre, c'est s'exposer à une réaction en chaîne tout au long de la Méditerranée.

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