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Elections italiennes: en se jettant dans l'arène, Mario Monti prend un pari risqué

Au risque de s'aliéner ses probables alliés au sein d'un futur gouvernement, Mario Monti a annoncé son intention de prendre part à la bataille électorale.

30 déc. 2012, 10:38
En se jetant directement dans la bataille électorale italienne, Mario Monti prend le risque de s'aliéner ses éventuels alliés au sein d'un futur gouvernement de coalition.

Pari risqué pour Mario Monti qui a annoncé vendredi son intention de se jeter directement dans la bataille électorale. Il prend le risque de s'aliéner ses éventuels alliés au sein d'un futur gouvernement de coalition.

Le président du Conseil, resté jusqu'à présent ambigu et prudent, a finalement accepté vendredi d'être le "chef d'une coalition" centriste et réformatrice pour la campagne des législatives des 24 et 25 février.

"Ses adversaires ont déjà enfilé les gants de boxe et frapperont de plus en plus fort", estime Antonio Polito, éditorialiste au "Corriere della Sera", quotidien de référence de la péninsule.

Même analyse chez Massimo Giannini, son confrère de "La Repubblica" (gauche): "Monti cesse d'être le 'candidat réticent' pour entrer en politique comme 'candidat militant' (...) une tentative qui le place dans une position inévitable d'affrontement avec la droite et la gauche".

Rupture avec Berlusconi consommée

"Il sera intéressant de voir quelle est sa trempe de combattant", observe Antonio Polito. Un rôle tout nouveau pour M. Monti, un paisible ancien professeur d'économie qui pendant ses treize mois à la tête d'un gouvernement de technocrates, a bénéficié du soutien au Parlement d'une majorité transversale et hybride alliant la gauche, le centre et la droite de Silvio Berlusconi.

"Avec la droite, la rupture est désormais consommée", constate Massimo Giannini, alors que Silvio Berlusconi, candidat pour la sixième fois au poste de président du Conseil, a qualifié samedi de "grande déception" l'entrée en campagne de Mario Monti, qui a ainsi "grandement perdu en crédibilité".

"Avec la gauche, le centre dirigé par Monti devra parvenir à un accord, non pas préélectoral mais post-électoral, qui servira à garantir une majorité", avertit l'éditorialiste.

Or "la campagne électorale est destinée à s'enflammer autour de la compétition entre le chef du gouvernement et le secrétaire du Parti démocrate" (gauche), Pier Luigi Bersani, dont le parti est favori dans les sondages. "Le résultat risque d'être nul pour tous", conclut M. Giannini.

L'axe droite-gauche, "valeur symbolique"

"Dans la meilleure des hypothèses, la coalition soutenant Monti arrivera en deuxième position et devra donc espérer parvenir à un accord avec le vainqueur", souligne lui aussi Antonio Polito.

Un accord qui sera d'autant plus ardu à obtenir si les deux protagonistes devaient s'écharper durant toute la campagne. Car M. Monti n'a pas caché son intention d'aller à la pêche aux voix dans la frange la plus centriste de la gauche italienne.

"L'axe traditionnel droite-gauche a une valeur historique, symbolique et substantielle sur les questions de redistribution des ressources" mais "l'axe véritable qui sert à l'Italie est celui qui mise sur l'Europe et les réformes nécessaires", a-t-il affirmé vendredi.

Une prise de position qui a conduit aussitôt Pier Luigi Bersani, jusqu'ici plutôt bienveillant à son égard, à lui demander de préciser "s'il est prêt à une alliance avec le PD, qui sera le premier parti italien, ou s'il se pose en adversaire".

Condamnés à s'entendre

Selon Antonio Noto, de l'institut de sondage IPR Marketing, une coalition dirigée par M. Monti a un potentiel électoral pouvant s'élever à 24%, ce qui en ferait le deuxième parti italien derrière le Parti démocrate, crédité d'un peu plus de 30%.

Dans une telle configuration, Monti et Bersani seraient condamnés à s'entendre. Un scénario qui hérisse le parti de Silvio Berlusconi (Peuple de la Liberté, crédité de 15 ou 16% des intentions de vote), dont le secrétaire Angelino Alfano a déclaré vendredi: l'annonce de "Monti révèle sans équivoque la tentative de dissimuler, derrière une candidature modérée, un projet d'alliance avec la gauche".

Mario Monti se lance donc dans une aventure incertaine qui risque aussi d'indisposer le président de la République, Giorgio Napolitano, qui avait porté son gouvernement sur les fonts baptismaux et aura la charge de désigner le prochain président du Conseil, un rôle crucial en cas d'absence de majorité claire.

"Comment aura réagi Napolitano, qui l'avait nommé sénateur à vie précisément pour le tenir hors de la mêlée politique?" s'interroge en première page le journal "Il Fatto Quotidiano", ne laissant planer aucun doute sur la réponse sous-entendue à cette question rhétorique: "Mal".

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