Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Église catholique: les évêques de France accueillent des victimes de pédophilie à Lourdes

Pour la première fois de leur histoire, les évêques français ont entendu en Assemblée plénière sept victimes d’actes de pédophilie commis par des membres du clergé, avec l’idée de mettre en place «la tolérance zéro».

03 nov. 2018, 21:06
Les 118 évêques qui composent la Conférence des évêques de France ont procédé samedi à un examen de conscience.

Les évêques de France ont procédé samedi à un examen de conscience. Ils ont entendu pour la première fois de leur histoire en Assemblée plénière des victimes d’actes de pédophilie, volonté de renouer le dialogue et d’éviter des récidives.

Les 118 évêques qui composent la Conférence des évêques de France (CEF) ont recueilli samedi à Lourdes, en Hautes-Pyrénées, les témoignages de sept victimes d’actes de pédophilie commis par des membres du clergé, lors leur Assemblée plénière qui se tient deux fois par an.

«L’Église ne fait pas simplement que s’excuser, elle reconnaît vraiment qu’elle est coupable, mais elle ne s’arrête pas là. Il s’agit maintenant de dire 'plus jamais ça'», a déclaré à la presse Mgr Luc Crépy, chargé de la lutte contre la pédophilie à la CEF. Selon lui, ces rencontres d’un peu plus d’une heure ne sont «pas un aboutissement» mais «un début», l’idée étant de réussir à mettre en place «la tolérance zéro».

 

 

«Aujourd’hui, c’est une journée historique, on attend beaucoup de l’écoute des évêques, mais surtout des actes», a déclaré à la presse Olivier Savignac, l’une des victimes. Selon lui, l’Église «n’a pas pris toute la mesure» du fléau: «Elle l’a prise à 10%, pas plus».

«Peine, honte et confusion»

«Même si nous savons que ce drame des enfants abusés dans notre société déborde amplement la responsabilité d’acteurs ecclésiaux, cela ne diminue en rien notre peine, notre honte et notre confusion», a déclaré pour sa part Mgr Georges Pontier, président de la CEF et archevêque de Marseille, dans son discours d’ouverture.

«Si notre désir est de comprendre les raisons qui ont pu permettre que cela ait pu avoir lieu, nous ne cherchons en rien à la justifier», a-t-il ajouté. «Nous avons désiré et prévu de nous mettre en situation d’écoute et de réflexion avec quelques-unes» des victimes, même si, dit-il, «la formule proposée, comme toute formule, possède des limites».

Il précise vouloir que ce dialogue se poursuive. «Nous avons besoin de le faire ensemble pour nous éclairer, pour prendre notre juste part dans la réparation humaine, spirituelle et ecclésiale de ce qui a été détruit dans leur chair et leur vie».

Retrouver la confiance

Il appelle à travailler «ensemble», à retrouver «la confiance minimale nécessaire pour y parvenir». «Nous sommes appelées à parcourir ensemble un chemin qui devra porter ses fruits pour les victimes et pour la vie ecclésiale», dit-il. Dans une lettre sans précédent, le pape François avait demandé en août dernier aux catholiques du monde entier de contribuer à l’éradication «de cette culture de la mort».

«La douleur de ces victimes est une plainte qui monte vers le ciel, qui pénètre jusqu’à l’âme et qui, durant trop longtemps, a été ignorée, silencieuse ou passée sous silence», avait-il écrit.

Mgr Georges Pontier précise que l’Église catholique française n’est pas «restée sans rien faire pour accompagner toujours mieux les victimes». Elle a publié un rapport mardi dernier faisant état de 211 témoignages de victimes auprès des institutions ecclésiastiques entre janvier 2017 et octobre 2018. Sur les 211 témoignages, 75 ont fait l’objet d’un signalement au procureur. Le premier bilan, publié en janvier 2017, recensait 222 victimes entre 2010 et 2016.

 

 

L’attente des victimes

Par ailleurs, 129 clercs (prêtres et diacres) ont été mis en cause par un témoignage, un signalement ou une plainte, selon ce rapport. Dix d’entre eux ont été mis en examen et quatre sont incarcérés.

«Je ne crois pas qu’il faut qu’on s’imagine tout régler en une seule fois. On a une rencontre qui est quand même assez courte dans le temps», a déclaré Véronique Garnier, abusée par un prêtre à l’âge de 13 ans, qui a été invitée à témoigner. «Aujourd’hui, ce n’est pas un aboutissement, c’est plutôt le début d’un travail en commun avec les évêques. J’espère beaucoup que ce dialogue entamé aujourd’hui (…) va nous mener à d’autres rencontres», a-t-elle dit sur BFMTV.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias