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Eclairage: «Quand l’Europe et la Suisse privilégient les plus lourdes»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, sportive, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Bérénice L’Epée évoque le marché automobile et les émissions de CO2.

09 sept. 2019, 17:00
Les marques allemandes comme Mercedes bénéficieront d'un traitement de faveur en termes d'émissions de CO2.

Alors que les émissions moyennes de CO2 des voitures reculaient régulièrement depuis une petite décennie (159 g de CO2 par kilomètre en 2007, 116 g/km en 2016), voilà qu’en 2017, elles remontent pour atteindre les taux des années précédentes (118 g/km). La tendance semble devoir se poursuivre.

La raison principale en est simplement mécanique. L’explosion des ventes de véhicules appelés «4x4 des villes» ou SUV (Sport Utility Vehicle), qui pèsent jusqu’à 3 tonnes, a fait à nouveau grimper le taux de dioxyde de carbone à la sortie du pot d’échappement.

Et la Suisse ne peut pas se vanter de figurer parmi les meilleurs élèves. Au contraire, en 2018, elle était 23e dans le classement du gramme de CO2 par kilomètre. Elle est, par ailleurs, le pays du continent européen dans lequel on vend le plus de SUV.

Il y a aussi une explication politique au phénomène. En juin 2009, la France et l’Allemagne ont conclu en un accord dans le contexte du «paquet climat» de l’Union Européenne. Paris voulait le soutien de Berlin lors de la conférence internationale de Copenhague sur le climat de la même année. Nicolas Sarkozy a donc accepté que Volkswagen, BMW et Mercedes bénéficient d’un traitement différencié, en raison… du poids de leurs véhicules, généralement plus lourds que ceux des autres constructeurs.

Dans les faits, ainsi, quand le véhicule est plus gros, son droit d’émission de CO2 peut-être plus élevé. Un paradoxe. La France estimait alors que la hausse des ventes de gros modèles n’était pas une tendance à long terme.

C’est tout le contraire de ce qui se pratique en Norvège.

Aujourd’hui, AlixPartners, un cabinet américain d’analyse économique prévoit une dure contraction du marché automobile dans les années à venir. La conjonction entre la baisse de production et la nécessité d’investir lourdement dans l’électrification fait dire aux analystes que 2019 sera une période de crise plus importante que celle de 2008. Des constructeurs pourraient disparaître, mais des modèles pourraient être prétérités, et pas forcément les SUV.

Dès 2021, les émissions de CO2 des voitures neuves ne devront pas dépasser 95 g/km. Mais encore une fois, BMW ou Volkswagen bénéficieront d’un traitement différencié. S’agissant d’une mesure contraignante fixée par l’Union Européenne, les sanctions financières prévues porteront atteinte d’avantage aux petits modèles dont les marges sont moins importantes et pourtant soumises à des normes plus strictes.

C’est tout le contraire de ce qui se pratique en Norvège. En 2018, les véhicules vendus là-bas émettaient en moyenne 74 g/km. L’explication? Le pays applique un principe de bonus-malus en fonction du poids du véhicule. Une Audi Q7 est ainsi taxée 20’000 euros et une Smart Fortwo 1000 euros.

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