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Drame minier: le bilan s'aggrave et une manifestation dégénère

L'explosion qui s'est produite jeudi dans une mine en Turquie a fait 282 morts selon le dernier bilan. Les syndicats appellent à une grève nationale.

15 mai 2014, 13:05
Family members hug a rescued miner outside the coal mine in Soma, Turkey, Wednesday, May 14, 2014.  Rescuers desperately raced against time to reach more than 200 miners still trapped underground Wednesday after an explosion and fire at the coal mine killed at least 238 workers, Erdogan said in Soma.(AP Photo/Depo Photos

La Turquie était assommée jeudi par la catastrophe minière qui a fait au moins 282 morts, une tragédie pour laquelle le gouvernement est mis en cause et visé par des appels à la grève. Face à la contestation, la police a fait usage de gaz lacrymogènes contre une manifestation de 20'000 personnes dans l'ouest du pays.

La police turque a tiré jeudi des gaz lacrymogènes pour disperser une foule de 20'000 manifestants qui dénonçaient à Izmir la négligence du gouvernement dans l'accident, a rapporté l'agence de presse Dogan. Le président d'un des principaux syndicats d'ouvriers du pays a été hospitalisé.

En dépit des efforts des secouristes qui ont travaillé sans relâche pendant la nuit, de nouveaux cadavres ont été extirpés des galeries de la mine de charbon de Soma, dans l'ouest de la Turquie. Le bilan est toujours provisoire puisque 90 autres mineurs se trouveraient encore sous terre après l'accident provoqué par une explosion, selon les autorités.

C'est la pire catastrophe minière qu'ait connue la Turquie et le bilan devrait encore s'élever car les chances de retrouver des survivants sont quasiment nulles. "Nous n'avons pas retiré de mineurs vivants (du puits) ces 12 dernières heures", a admis le ministre de l'Energie Taner Yildiz.

"Massacre de Soma"

Les familles ont commencé jeudi matin à retirer les corps de leurs proches entreposés dans une morgue improvisée de Kirkagaç, une bourgade située à quelques km de Soma. Accompagnés par la police, les parents entreprenaient la douloureuse tâche d'identifier leurs proches et de récupérer ensuite leur dépouille.

A Soma, des haut-parleurs ont égrené les noms des 282 mineurs tués dans une explosion et que des pelleteuses creusent des fosses communes pour accueillir les cadavres.

Les syndicats de la fonction publique ont appelé à la grève jeudi pour dénoncer la responsabilité et la négligence du gouvernement dans ce qu'il appellent le "massacre de Soma". Plusieurs syndicats d'ouvriers ont en outre demandé à leurs militants de ne pas se rendre sur leur lieu de travail, de porter des vêtements noirs et de manifester leur colère contre l'Etat.

Contexte politique tendu

Sous le choc du drame, la Turquie observait un deuil national de trois jours. Les photos émouvantes des victimes et les images des parents sous la stupeur ont remplacé les émissions de variétés et les feuilletons sur les chaînes.

Ce drame intervient dans un contexte politique très tendu en Turquie entre le régime du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et l'opposition. Le climat politique est délétère après des mois de crise que la victoire de l'AKP (Parti de la justice et du développement, au pouvoir), aux dernières élections locales malgré un vaste scandale de corruption en mars dernier, n'a pas suffi à éteindre.

Erdogan pris à partie

Jeudi, des véhicules de la gendarmerie ont établi des barrages bloquant l'accès à la mine en prévision d'une visite du président Abdullah Gül.

"Nous sommes venus partager la douleur et attendre que nos amis sortent, mais on nous a empêchés de passer. Est-ce que la douleur du président est plus grande que la nôtre?" interroge Emre, un jeune homme de 18 ans sans nouvelles de ses amis bloqués sous terre.

Recep Tayyip Erdogan a évoqué la "douleur très profonde" de la nation turque. Mais il a ajouté que de tels accidents "se produisent tout le temps". "Ce n'est pas comme si ça n'arrivait pas ailleurs dans le monde", a-t-il dit en réponse à ceux qui l'accusent d'avoir ignoré des avertissements sur les mauvaises conditions de sécurité.

Un cliché montrant l'un de ses conseillers donner un coup de pied à un protestataire circule en boucle sur les réseaux sociaux et ne devrait pas contribuer à améliorer son image.

Enquête en cours

Mercredi, la police a réprimé des manifestations anti-régime à Istanbul et Ankara. Les forces de sécurité sont sur le qui-vive, alors que l'accident intervient à quelques jours de l'anniversaire des premières manifestations de la place Taksim, à Istanbul, le 28 mai. Elles s'étaient transformées en une contestation inédite contre le régime au pouvoir depuis 2002.

M. Erdogan, qui s'est rendu sur place mercredi, a fait état d'une "enquête approfondie" sur les causes de l'accident, en rejetant toute responsabilité de son gouvernement.

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