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Drame minier en Turquie: le bilan définitif se monte à 301 morts

Les opérations de sauvetage ont pris fin samedi après-midi dans la mine de Soma, en Turquie. Le bilan définitif, très lourd, se monte donc à 301 morts. La colère de la population, elle, n'est pas prête de retomber.

17 mai 2014, 16:06
301 morts. C'est l'une des plus grandes catastrophes minières de l'histoire. Les Turcs veulent désormais trouver des responsables.

Les secouristes turcs ont évacué samedi les corps des dernières victimes de la catastrophe minière de Soma, portant son bilan définitif officiel à 301 tués. Cette mesure est intervenue sur fond de violentes critiques contre le régime du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

Au terme de quatre jours d'opérations rendues difficiles par les incendies et la présence de gaz toxique, les dépouilles des deux "gueules noires" encore bloquées sous terre ont été remontées à la surface par des sauveteurs et les mineurs, qui ont dans la foulée commencé à déserter les abords du puits dévasté.

"La mission de sauvetage a été menée jusqu'à son terme. Il n'y a désormais plus aucun mineur au fond de la mine", a déclaré sur place le ministre de l'Energie, Taner Yildiz.

L'accident de mardi, le plus meurtrier de l'histoire minière de la Turquie, a déclenché une vague d'indignation contre l'entreprise Soma Kömür Isletmeleri, accusée d'avoir privilégié la rentabilité au détriment de la sécurité de ses salariés, et relancé la colère contre le régime islamo-conservateur, soupçonné d'avoir couvert cette course au profit.

Interpellation

Vendredi, les forces de l'ordre ont violemment dispersé, à grand renfort de gaz lacrymogènes et de canons à eau, 10 000 personnes qui s'étaient rassemblées à Soma pour exiger la démission du gouvernement de M. Erdogan.

"Le charbon ne pourra pas réconforter le coeur des enfants de ceux qui sont morts à la mine", proclamait une banderole déployée par les manifestants.

Vingt-quatre heures après ces violents incidents, la situation était toujours tendue dans cette ville de l'ouest de la Turquie, quadrillée par d'importants effectifs de police.

Et selon l'Association des avocats, au moins 36 personnes, dont huit avocats, ont été interpellées samedi pour avoir tenté de faire une déclaration publique, en violation d'un ordre du gouverneur interdisant tout rassemblement.

Pas de détecteur de CO

Même s'il a promis de faire "toute la lumière" sur ses causes, M. Erdogan a d'ores et déjà balayé d'un revers de main toutes les accusations de négligence. "Les accidents sont dans la nature même des mines", a-t-il plaidé.

Plus tôt dans la matinée, un nouvel incendie s'était déclaré dans le puits, compliquant un peu plus la progression des sauveteurs dans des galeries ravagées par l'explosion, a ajouté M. Yildiz.

Dans son édition de samedi, un quotidien turc affirmait qu'un rapport préliminaire sur les causes de la catastrophe a pointé du doigt l'absence de détecteurs de monoxyde de carbone dans la mine.

"Dans un pays européen, le gouvernement aurait démissionné. Mais eux nous prennent pour des moutons !", a lancé un mineur à la retraite. "Ce n'est pas un coup du destin, c'est un meurtre", a renchéri un autre manifestant.

"Sperme d'Israël"

Mais à quinze jours du premier anniversaire de la vague de contestation qui a fait vaciller son régime, cette ligne de défense, jugée méprisante par l'opposition turque, a alimenté une nouvelle fronde contre le Premier ministre, à l'approche des échéances électorales.

Plusieurs incidents survenus pendant sa visite mouvementée jeudi sur les lieux de la catastrophe ont exacerbé ces critiques. Une vidéo diffusée vendredi sur les réseaux sociaux a montré M. Erdogan, connu pour ses coups de colère, agrippant un habitant de Soma par le cou en le traitant de "sperme d'Israël".

Des photos, dévoilées la veille, d'un de ses conseillers assénant des coups de pied à un manifestant maintenu à terre par deux gendarmes ont alimenté un peu plus encore la controverse.

Malgré un scandale de corruption sans précédent visant des dizaines de ses proches, le parti de M. Erdogan a remporté haut la main les élections municipales du 30 mars dernier. Le Premier ministre s'apprête à se présenter à l'élection présidentielle des 10 et 24 août prochain.

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