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Deuil national pour les victimes du soulèvement populaire

Une semaine jour pour jour après la chute du régime autoritaire honni du président Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie observait hier un premier jour de deuil national en mémoire des victimes du soulèvement populaire, en ce jour de prières dans les mosquées. Des manifestations ont toutefois eu lieu.

22 janv. 2011, 12:16

Le Ministère des affaires religieuses avait appelé les imams prédicateurs de toutes les mosquées du pays «à effectuer la prière de l'Absent, après la prière du vendredi, à la mémoire des martyrs de la révolution du peuple tunisien». Le gouvernement de transition a décrété jeudi soir un deuil national de trois jours «en mémoire des victimes» de la répression.

Environ 400 personnes se sont quant à elles rassemblées devant le siège de la Compagnie des transports tunisiens. «Cette compagnie abrite des gens corrompus et il est temps de reprendre nos droits», a déclaré un employé.

D'autre part, des centaines de personnes ont manifesté dans le calme sur l'avenue Habib Bourguiba, principale artère de la capitale. «Nous n'accepterons pas ce gouvernement, nous ne l'accepterons jamais», scandait la foule sous l'œil de la police. Pour tenter apparemment de calmer les esprits, le gouvernement intérimaire conduit par le premier ministre, Mohamed Ghannouchi, a offert une amnistie pour tous les opposants politiques, y compris les membres de factions islamistes.

Les manifestants font valoir que cette promesse de clémence n'a, pour l'instant, abouti qu'à la libération de quelques centaines d'opposants emprisonnés pour des raisons politiques. «Nous sommes d'accord pour une amnistie générale», a déclaré le ministre de l'Enseignement supérieur, Ahmed Ibrahim, représentant de l'opposition, qui a rallié la nouvelle coalition au pouvoir.

Selon un bilan gouvernemental, au moins 78 personnes ont été tuées dans les manifestations qui ont jalonné la révolution tunisienne. Le Haut commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme avance, lui, le nombre d'une centaine de tués. La presse insistait vendredi sur la nécessité de progrès politiques après la dissolution du bureau politique du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l'ancien parti au pouvoir.

La télévision a diffusé des images montrant des armes saisies dans les résidences de membres de la famille Ben Ali. «Cela montre les excès de cette famille», a-t-elle commenté. Imed Trabelsi, neveu de l'épouse de Zine El Abidine Ben Ali, donné pour décédé la semaine dernière, est vivant et interrogé par la police, a annoncé hier le ministre de l'Intérieur, Ahmed Friaa.

Après les informations faisant état du vol d'une tonne et demie d'or sur la réserve stratégique du pays par l'épouse du président déchu, une source à la Banque centrale tunisienne a apporté un nouveau démenti, réaffirmant que la réserve était de 6,8 tonnes et inchangée depuis 20 ans. Le Conseil mondial de l'or qui regroupe à Londres les principaux producteurs de métal jaune, évaluait en décembre à 6,8 tonnes le stock d'or de la Tunisie.

Signe du vent de liberté qui souffle sur la Tunisie depuis une semaine, après des lustres de censure, la librairie Al Kitab (Le livre) affichait à sa devanture quelques exemplaires de «brûlots» apportés de l'étranger par des clients, portant le bandeau: «spécimen, interdit en Tunisie». Parmi ces livres figuraient «La régente de Carthage», l'enquête des journalistes français Nicolas Beau et Catherine Graciet sur la façon dont Leïla Trabelsi a fait main basse sur des pans entiers de l'économie tunisienne, ou encore «Tunisie, le livre noir», de Reporters sans frontières.

Le journaliste et opposant Taoufik Ben Brik a annoncé hier qu'il sera candidat à l'élection présidentielle. L'opposant historique Moncef Marzouki est aussi candidat. /ats-afp

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