Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Des notes parfois dissonantes

29 juin 2011, 10:16

Quelques jours avant la faillite de la banque Lehman Brothers aux Etats-Unis, le 15 septembre 2008, les agences de notations lui attribuaient encore la note «AAA», alors même que sa capitalisation en bourse chutait de 73%. Avec ce manque apparent de réactivité, leur crédibilité en prenait un coup et leur indépendance était remise en question.

A la suite du dernier déclassement de la Grèce par les grandes agences américaines («Moody's», «Standard and Poor» et «Fitch»), l'Etat grec a vu ses taux d'intérêt grimper en flèche le plaçant au bord de la faillite. Les agences ont été alors vivement critiquées, principalement par les acteurs de la zone euro. Ces derniers leur attribuant un rôle clef dans la dégradation de la situation des pays les plus fragiles de son espace, la Grèce certes, mais également le Portugal. Les agences n'ont en revanche nullement pu être inquiété: leur activité, malgré l'importance de son impact, ne comporte aucune responsabilité juridique. De surcroît, elles s'abritent derrière l'idée qu'elles ne donnent au travers de leurs notes qu'une opinion. Libres donc aux investisseurs de la suivre ou non.

La Chine s'en mêle…

Les agences de notation suscitent ainsi à la méfiance et leurs méthodes laissent perplexe. Sans pour autant que leur existence soit remise en question. Au contraire. En juillet 2010, la Chine se dotait de sa propre agence, la Dagong Global Credit Rating. Quant à l'Europe, début 2010 déjà, elle planchait sur l'idée de la fondation d'une agence européenne. Le 8 juin dernier, elle réactivait le débat en réclamant la création d'une fondation indépendante afin de pouvoir contrebalancer les résultats publiés par les trois grandes agences américaines.

«Il s'agirait plus de faire évoluer les agences de notation», explique Mickaël Gertsch, associé chez DE Planification, «d'amener d'autres critères de notations, avec un regard circonstancié sur le marché, une autre culture du crédit».

Prenons l'exemple d'une petite entreprise romande. Il semble difficile qu'un organisme américain puisse juger de sa capacité à rembourser ses dettes - l'américain ne disposera pas de la connaissance approfondie et nécessaire du marché régional dans lequel la PME évolue. Mais la petite entreprise s'adressera en revanche à une agence plus proche d'elle, généralement une banque. A l'échelle d'un Etat, la même logique pourrait être appliquée. L'idéal étant encore de pouvoir faire une moyenne entre les diverses agences.

Une vision organique

«Aucune agence n'a tort», appuie l'expert. «Leurs critères d'analyse diffèrent. La vraie question se situe au niveau de leur financement», poursuit-il.

En effet. Les agences fonctionnent sur mandat. L'audit porte donc sur l'entité qui achète les résultats de l'étude. Ainsi, les agences n'ont aucun intérêt à pénaliser leur commanditaire. Cependant, ont-elles plus à gagner en les privilégiant? Nullement. Leur crédibilité serait alors grandement menacée. Coincées entre ces deux logiques, elles sont dans l'obligation de trouver un équilibre.

Ces organismes illustrent surtout à quel point l'économie mondiale repose sur des œufs. L'économie n'est pas une science exacte et cartésienne. Elle est un organe de notre société qui évolue au rythme de l'humanité, ses croyances, sa confiance, ses paris vertigineux. Et parfois, ses chutes.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias