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Des fleurs et des larmes pour la famille massacrée

Nantes Des centaines de personnes réunies en un adieu.

27 avr. 2011, 17:16

Devant la façade se sont amoncelées des fleurs blanches de toutes sortes en bouquets ou en branches. À même le trottoir, au pied de la maison nantaise de la famille Dupont de Ligonnès, les participants de la marche blanche organisée hier en mémoire de la mère de famille et de ses quatre enfants assassinés ont allumé une par une des dizaines de petites bougies. Agrafés sur les tiges, soigneusement enveloppés ou roulés en boule comme autant de secrets, des petits mots que leurs destinataires ne liront plus, mais qui expriment la colère de leurs proches vis-à-vis du meurtrier. «Il n'y a pas de mot pour juger ce qu'il a fait» ou encore «il mérite la peine de mort» a tracé une écriture appliquée sur une feuille à petits carreaux. Une belle photo du troisième fils est dédicacée: «Benoît, je t'aime pour toujours».

«Un massacre»

Les participants sont des enfants ou des adolescents pour la majorité, ils défilent en silence, les visages fermés. La marche d'hier s'est organisée presque spontanément, via le réseau Facebook. «J'ai été sur le mur d'Arthur, j'ai proposé cette idée vendredi, les retours ont tout de suite été positifs», raconte la voix tremblante d'émotion Loriane, qui a été pensionnaire en même temps que l'aîné de la famille Ligonnès, «pensionnaire ensemble, ça crée des liens très forts, on est tout le temps ensemble, précise-t-elle. Il était toujours prêt à faire la fête».

Vers 14 heures, hier, ils se sont ainsi rassemblés par petits groupes d'amis, fleurs en main, sur le Cours des 50 otages ensoleillé. La tension est alors palpable. «Que voulez-vous qu'on dise, lâche un collégien, la voix révoltée. C'est un massacre, un ma-ssa-cre!» Les parents qui se sont rendus sur place se font discrets. Bouquets dans les bras eux aussi, ils observent de loin leurs enfants. «Viens ici, laisse-les tranquilles», ordonne un père à son petit cadet en passe de rejoindre le groupe de son grand frère. «Mon fils était l'un des plus proches amis de Benoît, explique une mère. Il a tellement mal, il ne peut pas parler. On ne comprend rien, ils étaient adorables ces enfants.»

Le cortège de plusieurs centaines de personnes se met en marche lentement. Tout le long du boulevard, commerçants et habitants observent silencieusement ce défilé comme hors du temps, cette manifestation de jeunes de bonne éducation, tristes et sages.

Entre eux, les marcheurs évoquent leurs souvenirs: la fratrie Ligonnès était connue dans son quartier depuis des années. «J'étais la meilleure amie d'Anne en CE1, puis pendant plusieurs années, jusqu'à ce que je change d'école. Je dormais chez elle, elle chez moi… On allait à la Baule… Son père n'était pas méchant pourtant», souffle une jeune fille, encore incrédule. «Vous y avez cru vous, au départ à l'étranger? Anne, je l'ai bombardée de SMS, sans réponse», raconte une autre.

Aux côtés de leurs élèves, des professeurs, parfois désemparés. «J'en ai eu trois dans ma classe…», glisse une enseignante. «Les Ligonnès, ils étaient comme tout le monde, c'est pour cela que les élèves sont si choqués, analyse sa collègue Ils se projettent, ils ont l'impression que cela peut arriver à tout le monde, un tel drame… Les vacances scolaires commencent et après… on verra.»

 

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