Amalia Bazan se fraie un chemin parmi les cartons de farine et une pile de boîtes de conserve pour atteindre un grand congélateur industriel qu’elle ouvre tel un coffre-fort. «Regardez ça!», lance-t-elle fièrement en montrant de la viande et des légumes congelés.
Il n’est pas encore midi dans ce quartier populaire de la banlieue nord de Buenos Aires, mais déjà une longue file se forme devant l’entrée de cette cantine communautaire. Au-dessus de la porte principale une discrète pancarte indique son nom: «Cœurs ouverts.» «Certains jours, la queue s’étend jusque-là», explique une bénévole en pointant du doigt le coin de la rue suivante. Ce centre a ouvert ses portes il y a vingt ans: à l’époque 150 personnes venaient s’y alimenter. Aujourd’hui, Amalia Bazan, 76 ans, et une dizaine de bénévoles servent 5000 repas par jour. «On voit défiler des enfants, des adolescents, des parents mais aussi des retraités»,...