Votre publicité ici avec IMPACT_medias

De nouveaux combats à Abidjan

La résidence de Laurent Gbagbo a été partiellement détruite hier soir par des missiles tirés par des hélicoptères. Le QG d'Alassane Ouattara a lui été pris pour cible samedi.

11 avr. 2011, 12:05

L'h?tel du Golf fait de son mieux pour retrouver des allures quotidiennes. Dans les couloirs sombres, les proches d'Alassane Ouattara se croisent, se saluent, sourire aux l?vres. Hier, dans les jardins, les quelque 800 Casques bleus charg?s de la protection des lieux reprenaient leurs positions habituelles, d?posant leurs gilets pare-balles. ?Ne parlons plus de cette pseudo-attaque?, glissait un conseiller du pr?sident. Malgr? les efforts pour retrouver une certaine normalit?, il restait de la tension dans l'air. La journ?e de samedi a laiss? des traces, des souvenirs durs ? effacer. L'attaque men?e par les forces loyales ? Laurent Gbagbo a ?t? une surprise totale.

Au d?but de l'apr?s-midi, les premi?res balles ont commenc? ? siffler au-dessus des murs cr?me du b?timent o? sont reclus le pr?sident Ouattara et les siens depuis quatre mois. D'abord juste quelques ogives qui d?chirent les feuilles des arbres. Puis la fusillade monte en puissance, ouvrant les toiles des tentes des soldats de la paix campant alentours, per?ant les portes des voitures sur le parking.

Dans le parc, la foule fuit en tous sens, cherchant un abri o? elle le peut, derri?re ce qui fut, un jour, le bar de la piscine, dans un recoin de terrain et dans les sous-sols. Les caves se remplissent vite. Un bataillon de policiers bangladais de l'ONU, officiellement charg? d'un maintien de l'ordre devenu totalement anachronique en ces temps de guerre civile qui ravage Abidjan, se terre, livide. Les ministres patientent, entre stup?faction et agacement. Les 1600 soldats des forces fran?aises bas?es ? Abidjan sont plac?s en alerte maximale.

Casques bleus vis?s

Dehors, la r?plique s'organise. Le bataillon de soldats s?n?galais et togolais de l'ONU met des mortiers en position et pilonne les environs. ? une encablure de la plage, des obus tir?s par les assaillants d?gagent deux grosses gerbes d'eau. Apr?s une demi-heure de lutte, le feu s'arr?te, laissant la sueur sous les casques et une odeur de poudre. Le lendemain, Laurent Gbagbo nie toute action contre l'h?tel du Golf. Sans convaincre. ?Nous avons ?t? la cible d'une attaque d?lib?r?e, organis?e et planifi?e depuis longtemps?, r?sume de son c?t? le g?n?ral Talla Niang, le commandant des d?fenses de l'h?tel. Selon l'officier, les tirs, bien dirig?s, venaient de trois c?t?s ? la fois. Les soldats loyalistes avaient m?me plac? un mortier ? Koumassi, de l'autre c?t? d'un petit bras de mer, un quartier que les fid?les de Ouattara pensaient s?r.

Cette attaque marque une nette escalade dans le conflit qui secoue Abidjan et sans doute un tournant. Jamais jusqu'alors, les Casques bleus n'avaient ?t? aussi clairement vis?s. Hier en fin d'apr?s-midi, des h?licopt?res de la force fran?aise Licorne et de l'Ouci ont ouvert le feu sur la r?sidence de Laurent Gbagbo ?pour neutraliser les armes lourdes utilis?es contre les civils et les Nations unies?, pr?cisait un porte-parole de l'ONU, Hamadoun Tour?.

L'h?tel coup? du monde

Le r?le d'arbitre des Nations unies appara?t de plus en plus difficile ? tenir, tout comme celui de la France d?finitivement aspir?e dans le conflit. ?Le raid n'?tait pas r?ellement destin? ? prendre l'h?tel du Golf. La puissance engag?e n'?tait pas suffisante. C'est du harc?lement. Mais le symbole n'a ?chapp? ? personne?, expliquait, hier un observateur.

Pour Alassane Ouattara, il tombe en effet au plus mal, cinq jours apr?s un discours o? il annon?ait, un peu imprudemment, la reprise des activit?s dans la capitale ?conomique de C?te d'Ivoire et la mise sous blocus de son adversaire. Dans les faits, c'est l'h?tel du Golf qui se retrouvait hier coup? du monde. Au cours des trois derniers jours, les hommes de Gbagbo, revigor?s par leur d?fense victorieuse, ont repris du moral et du terrain.

Les Forces de d?fense et de s?curit? (FDS), accul?es il y a peu, contr?laient hier trois quartiers d'Abidjan. Et se d?ployaient encore. Dans une ville o? les lignes de front sont fluides et les informations fiables inexistantes, le moindre d?placement est un pari. Samedi, une importante colonne de Forces r?publicaines de C?te d'Ivoire (FRCI), l'arm?e d'Alassane Ouattara, ?tait tomb?e dans une m?chante embuscade ? Riviera, une zone jug?e conquise la veille. Les FRCI auraient perdu sept hommes dans l'affrontement.

Le conflit s'installe

Les pertes civiles, dans ce quartier tr?s peupl?, restent un grand myst?re. Hier, comme en r?ponse, c'est la caserne d'Agdan, consid?r?e comme un fief imprenable des partisans du chef d'?tat d?chu, qui ?tait au c?ur des combats. Dans cette sanglante guerre urbaine voulue par Laurent Gbagbo, aucun des bellig?rants ne semble ? m?me de d?truire seul son adversaire. Par pr?cipitation, par inexp?rience, les FRCI perdent le soir les positions gagn?es le matin. Les FDS, pour leur part, disposeraient de trop peu de moyens pour lancer une contre-offensive. Coinc?e dans cette logique, Abidjan redoute de voir le conflit s'installer.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias