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De la rue aux urnes, le retour de la majorité silencieuse

21 mars 2011, 11:50

«Si j'avais le choix de t'aimer, mon cœur changerait» dit la chanson qui a bercé l'Egypte pendant les 18 jours de sa révolution. Ce choix, les Egyptiens en disposent désormais. Mais hier, lors du référendum sur l'amendement de neuf articles de la Constitution égyptienne, six personnes sur dix n'en ont pas fait usage: le pourcentage d'Egyptiens qui se sont rendus aux urnes n'a été que de 40%.

C'est déjà 18 millions de personnes, mais le faible taux de participation a étonné. Car ceux qui ont fait le pas ont approuvé, à une majorité écrasante (77%) un référendum capital. Il s'agissait en effet d'inscrire les vœux démocratiques dans la loi: qui désigne le prochain président et comment, de quelle manière le Parlement doit être choisi et quels législateurs travailleront à donner à l'Egypte sa toute nouvelle Constitution.

Nagwan Al Ashwal, membre d'un groupe d'activistes égyptiens, souligne: «Surtout, le fait de se doter d'une base légale limite strictement la présence de l'armée à la tête de l'Etat. Si les militaires étaient au pouvoir plus de neuf mois, ils risqueraient de s'y installer bien plus longtemps. Aller voter et accepter ce référendum, c'est affirmer que nous savons où nous allons».

Patrick Haenni, islamologue spécialiste de l'Egypte, avoue quant à lui: «Je suis surpris. On a encore en tête la mobilisation de la révolution, et les partis politiques ont tous poussé leurs adhérents à voter». «C'est probablement le retour de la majorité silencieuse». Autre explication: le manque de bureaux de vote, qui a poussé des centaines de personnes à attendre des heures pour pouvoir enfin glisser leur bulletin dans une urne. Certains, découragés, ont abandonné la partie. Il faudra peut-être encore plusieurs mois pour que l'Egypte nouvelle adopte pleinement les rouages démocratiques...

Aline Jaccottet - Le caire

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