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Dans les tranchées de Misrata

03 juin 2011, 11:29

Des mitraillettes et des mitrailleuses ont inhabituellement r?sonn? ? Misrata dans la nuit de mercredi ? jeudi. Contrairement ? Benghazi, la capitale de la r?bellion, qui a ?t? ?pargn?e et o? des jeunes hilares tirent en l'air pour un oui ou pour un non, la ville martyre, qui s'est lib?r?e seule apr?s plus de deux mois de combats de rues, ?conomise ses munitions.

Ici, ? quelque 200 km de Tripoli, dans cette partie ouest de la Libye encore fermement tenue par le r?gime de Kadhafi, la guerre est bien r?elle et charrie toujours son lot de morts, de souffrances et de privations.

Mais cette nuit-l?, une fois n'est pas coutume, des combattants, traversant la ville sur leur pick-up, entendaient c?l?brer la capture de Mohamed Muftar Kaiba, un fid?le de Kadhafi et haut dignitaire de son r?gime, responsable entre autres des op?rations du r?gime sur Misrata et sa r?gion. Hier, aucune source officielle n'?tait venue confirmer cette information. La rumeur n'en continuait pas moins de se propager autour de cette cit? largement d?truite.

Tirs de missiles Grad

Afin de mettre les habitants assi?g?s de Misrata ? l'abri des tirs de missiles Grad, dont la port?e est de 20 km, les rebelles se battent quotidiennement pour que les forces pro-Kadhadi ne franchissent pas cette limite. La ville est adoss?e ? la mer, d'o? arrivent par bateau les ravitaillements en munitions et en vivres depuis Benghazi.

Les rebelles tiennent un premier front, ? Kararim, ? l'est. Un second, ? Abdel-Rauf, au sud. Et un troisi?me, ? Al-Dafniya, ? l'ouest, le plus meurtrier jusqu'? pr?sent. Des soldats anglais, pr?sent?s comme des anciens membres des commandos britanniques, ont ?t? aper?us sur le port de Misrata. Mais personne n'est encore arriv? ? rep?rer des militaires d'un pays de l'Otan sur les lignes o? l'on se bat.

? quelque 30 km de Misrata, le front d'Al-Dafniya s'?tire sur la route bord?e d'arbres et de bosquets menant ? Tripoli, parmi les pr?s, les champs et des dunes. Sur des kilom?tres, de jeunes hommes, prot?g?s derri?re des talus ou sous des pin?des, m?nent ce qui ressemble fort ? une guerre de tranch?es. L'attente est souvent longue. Ils s'allongent, s'assoupissent. Des cantines, venues de Misrata, viennent r?guli?rement livrer des vivres. Des ambulances ne sont pas tr?s loin.

Ces centaines de combattants se relaient pour tenir cinq postes, organis?s de mani?re similaire. Derri?re une tranch?e antichar et un conteneur rempli de sable, des guetteurs surveillent l'ennemi ? la jumelle. Arrivant de la route qui relie les positions entre elles, un pick-up, muni d'un canon antia?rien, d'un lance-roquettes pr?lev? sur un h?licopt?re, ou d'une mitrailleuse lourde, vient tous les quarts d'heure se positionner derri?re la barricade. ?Allah Akbar!? hurle le tireur.

Il vaut mieux alors se boucher les oreilles pour se pr?server du bruit. Impossible de juger de l'efficacit? de ces tirs, qui semblent avoir pour premier objectif de dissuader l'ennemi d'approcher. Apr?s chaque d?tonation, les jeunes rebelles, qui sont loin d'avoir chacun une arme, crient leur joie.

De nouveaux ?Allah Akbar!? sont entonn?s. Puis le pick-up s'en va, quelques kilom?tres plus loin, lancer une nouvelle salve.

Les forces pro-Kadhafi ne manquent pas de r?pliquer. Leurs charges sont beaucoup plus lourdes. On les entend jusqu'? Misrata, o? elles rythment les jours et les nuits. Les d?tonations ne cessent jamais, r?sonant entre les murs d?truits, cribl?s de balles, et les immeubles vides du centre-ville. Les habitants, qui sont loin d'?tre tous revenus, n'y pr?tent plus gu?re attention.

Les forces pro-Kadhafi, qui ne semblent pas pr?s de lancer une nouvelle offensive, visent ?galement ? l'aveuglette. Mais l'arm?e du dictateur aurait r?cemment utilis? de nouvelles armes, peut-?tre plus pr?cises. ?Ce sont des missiles qui sont guid?s par la chaleur?, explique Samir, un ancien informaticien, qui combat aujourd'hui ? Al-Dafniya.

La nuit, certains rebelles allument des feux loin de leurs positions, avec l'espoir de leurrer ces nouvelles bombes. L'existence de ces missiles n'a pas ?t? confirm?e. Mais ? l'h?pital Hakma, les docteurs affirment qu'ils ont d? soigner ces derniers jours des blessures d'un nouveau type.

60 bless?s par jour

L'?quipe m?dicale de l'h?pital Hakma re?oit depuis le d?but des combats une moyenne de 60 bless?s par jour. Sur le registre des entr?es, le 29 mai, l'une des derni?res journ?es les plus meurtri?res, on compte 89 noms. Dans la colonne en face est ?crit le m?me et unique mot: ?Explosion.?

La salle des urgences a ?t? install?e sous une tente dans la cour. En montant dans les ?tages, les lits manquent pour recueillir les bless?s, tous amput?s d'un membre ou de deux. L'ONU, hier encore, a ?vacu? par bateau nombre d'entre eux vers les h?pitaux de Benghazi. Le docteur Khalic Abufalgha, qui, ? l'h?pital Hakma, coordonne ses op?rations, se lamentait: ?Nous ne pouvons assurer le suivi m?dical des bless?s, et les familles voient s'?loigner leurs proches, mais nous avons malheureusement besoin de place.? Le si?ge de Misrata est encore loin d'?tre termin?.

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