Pour son 90e anniversaire, Fidel Castro s'en est pris samedi aux Etats-Unis. Il a rappelé leurs tentatives répétées de l'assassiner, alors que Cuba est en plein rapprochement avec son vieil ennemi de la Guerre froide.
Le père de la révolution cubaine a de plus reproché à Barack Obama d'avoir manqué de "hauteur de vue" au cours de sa visite historique en mai à Hiroshima, dans un article. Intitulé "L'anniversaire", le texte a été publié vendredi soir dans la presse d'Etat.
"Le discours du président américain au Japon était dépourvu d'excuses pour le massacre de centaines de milliers de personnes à Hiroshima, même s'ils (les Etats-Unis) connaissaient les effets de la bombe", a ainsi estimé Fidel Castro. Son anniversaire ne doit en principe donner lieu à aucune cérémonie officielle.
Plusieurs milliers de Cubains ont toutefois fait la fête dès les premières heures de samedi à La Havane pour célébrer les 90 ans de leur chef historique. Le concert d'anniversaire du "lider maximo" a été jumelé avec le carnaval cette année.
Voeux de Moscou
Dans son article, Fidel Castro rappelle aussi la confrontation avec Washington lorsqu'il était à la tête de Cuba. "J'ai presque ri face aux plans machiavéliques des présidents américains", assure-t-il. D'après les services de renseignements cubains, Fidel Castro a été la cible de 634 complots entre 1958, l'année ayant précédé son arrivée au pouvoir, et 2000.
Parallèlement, le "Comandante" a rendu un hommage appuyé aux "grandes puissances" que sont la Chine et la Russie. Vladimir Poutine, a, de son côté, souhaité "bonne santé, longévité, vitalité et prospérité" à son "cher ami" cubain.
Une visite de son principal allié dans la région, le chef de l'Etat vénézuélien, n'est pas non plus à exclure. "Nous célébrerons les 90 ans de cet homme qui est aussi immortel", a dit Nicolas Maduro.
Influence indirecte
Pas de quoi émouvoir ses plus fervents opposants, qui n'ont pas oublié les années de répression. "Je ne sais pas si je pourrai lui souhaiter un bon anniversaire", confie ainsi Marta Beatriz Roque, une dissidente de 71 ans.
90ème anniversaire de @fidelcastro. Ce n'est pas parce qu'il est cacochyme qu'un dictateur devient respectable. pic.twitter.com/zvWxKGPAzl
— Jérôme Godefroy (@jeromegodefroy) 13 août 2016
Même éloigné du pouvoir, Fidel Castro continue toutefois d'exercer "une influence indirecte à travers certaines figures du régime, qui sont mal à l'aise avec les réformes de Raul", explique Kevin Casas-Zamora, professeur de sciences politiques à Oxford. Sa seule présence physique sert de "rempart contre les réformes économiques et politiques les plus agressives".