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Côte d'Ivoire: Simone Gbagbo de nouveau devant les juges pour crimes contre l'humanité

Déjà condamnée en 2015 à 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", l'ancienne première dame de Côte d'Ivoire, Simone Gbagbo, est accusée cette fois de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre lors de la guerre civile de 2011. Elle rejette toutes les charges qui pèsent contre elle. Le procès s'est ouvert mardi à Abidjan. Il devrait durer un mois.

31 mai 2016, 16:14
Simone Gbagbo est incarcérée depuis sa condamnation en mars 2015, confirmée la semaine dernière en appel.

L'ex-première dame de Côte d'Ivoire Simone Gbagbo a rejeté toutes les charges mardi au premier jour de son procès pour crimes contre l'humanité à Abidjan. Le procès a lieu en l'absence des organisations de défense des droits humains, qui dénoncent leur marginalisation dans la procédure.

La cour d'assises juge l'épouse de l'ex-président Laurent Gbagbo, âgée de 66 ans, pour crimes contre l'humanité, crimes contre les prisonniers de guerre et crimes contre les populations civiles, commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011. Celle-ci a fait plus de 3000 morts en cinq mois.

Durant plusieurs heures, ses avocats ont contesté la compétence du tribunal, affirmant que Mme Gbagbo ne pouvait être poursuivie pour "crime contre l'humanité" et "crime de guerre" commis en 2011 puisque ces chefs d'accusation ne figurent dans le code pénal ivoirien que depuis mars 2015.

"Je ne reconnais pas les faits"

Après une suspension de séance, l'audience a repris avec la lecture de l'acte d'accusation. "Je ne reconnais pas les faits", a déclaré Simone Gbagbo.

A la mi-journée, une trentaine de militants pro-Gbagbo s'étaient rassemblés devant le palais de justice pour manifester leur soutien à l'épouse de Laurent Gbagbo. Ce dernier comparaît lui-même depuis le début de l'année devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye.

Vingt-cinq témoins

Le nouveau procès de Simone Gbagbo devrait durer un mois, et verra la participation "de 25 témoins de l'accusation". L'épouse de l'ancien président est actuellement incarcérée à Abidjan où elle purge une première peine de 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", prononcée l'an dernier.

La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), la Ligue ivoirienne des droits de l'Homme (LIDHO) et le Mouvement ivoirien des droits de l'Homme (MIDH), qui disent représenter "près de 250 victimes", ont annoncé lundi leur décision de "se tenir à l'écart" du procès.

"Nos avocats n'ont pas eu accès à toutes les étapes de la procédure. Sur quelle base vont-ils donc défendre leurs dossiers?", s'est interrogé Pierre Kouamé Adjoumani, président de la LIDHO. "Cela ne servira à rien d'aller faire de la figuration", a-t-il ajouté.

"Moment charnière"

Human Rights Watch (HRW) a de son côté évoqué "un moment charnière pour la justice" si les "victimes" ont droit à un procès "crédible, équitable et suivi par d'autres procès visant les auteurs de violations des droits humains des deux parties de la crise postélectorale de 2010-2011".

Cette crise a été provoquée par le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à l'élection présidentielle de novembre 2010.

"Le principal défi pour l'accusation sera d'identifier des preuves la liant (Simone Gbagbo) aux meurtres, aux viols et autres exactions commises par les forces pro-Gbagbo", a poursuivi l'ONG, qui a déjà dénoncé les insuffisances de son premier procès.

Accusations fabriquées

"Ces accusations sont créées de toutes pièces pour faire plaisir à une certaine communauté internationale. Trop c'est trop!", s'est emporté de son côté un des avocats de l'ex-première dame, Me Mathurin Dirabou, dénonçant des accusations "fantaisistes".

Son nouveau procès s'est ouvert cinq jours après le rejet par la Cour suprême de Côte d'Ivoire de son pourvoi en cassation. Cette décision rend définitive sa précédente condamnation, en mars 2015, à 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l'État.

CPI prise de court

La tenue de ce procès va également prendre de court la CPI, où elle est poursuivie pour "crimes contre l'humanité". Le tribunal international qui juge actuellement son époux et Charles Blé Goudé, ex-ministre de la Jeunesse, a toujours réclamé l'ex-première dame, mais Abidjan refuse son transfèrement à La Haye.

Le président Ouattara a affirmé début février qu'il "n'enverrait plus d'Ivoiriens" à la CPI, estimant que son pays avait désormais une "justice opérationnelle".

Si les deux camps se sont montrés coupables d'exactions pendant la crise de 2010-2011, aucun responsable pro-Ouattara n'a à ce jour été inquiété. Une situation qui nourrit les accusations par l'opposition de "justice des vainqueurs".

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