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Coronavirus: face à l’épidémie, la Chine confine des villes entières, le monde se prépare

En raison de la propagation du nouveau coronavirus, la Chine a placé des millions de personnes en zone de quarantaine. Les moyens de transports ont été suspendus.

22 janv. 2020, 22:53
/ Màj. le 23 janv. 2020 à 19:00
La température des passagers en provenance de Wuhan est contrôlée, comme ici à la gare de Hangzhou.

La Chine a confiné jeudi des millions d'habitants dans deux villes dont la métropole de Wuhan d'où est parti un nouveau virus. Alors que Pékin annonçait un 18e décès, le virus a commencé à se répandre dans le monde et mobilise les autorités sanitaires internationales.

A Berne, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) se dit «plutôt inquiet» des derniers développements du nouveau coronavirus en Chine. Les autorités préparent des mesures, même s’il n’y a pas de menace pour la population suisse dans l’immédiat, a déclaré Patrick Mathys, responsable à l’OFSP, jeudi à la radio SRF.

Rien de prévu en Suisse

Si l’Organisation mondiale de la santé (OMS) décrète que le nouveau virus constitue une «urgence de santé publique de portée internationale», cela aurait surtout valeur de signal. Il s’agirait alors se coordonner pour maintenir l’épidémie sous contrôle, a ajouté M. Mathys, chef de la section gestion de crises et collaboration internationale.

Rien n’est prévu dans l’immédiat en Suisse. «Nous ignorons si l’OMS émettra des recommandations avec l’annonce de l’état d’urgence sanitaire», a poursuivi le responsable. L’OFSP serait prêt à mettre en oeuvre de telles recommandations. Il n’y a pas à ce stade de plan d’action spécial contre le nouveau coronavirus. Mais la Suisse pourrait se servir de divers concepts déjà existants, comme le plan «pandémie».

 

 

18 décès confirmés

Le nombre de cas de contamination avérés en Chine est entretemps monté à 571. Un 18e décès consécutif à des complications en lien avec la maladie a été confirmé jeudi.

C'est le premier décès depuis le début de l'épidémie en dehors du berceau de l'épidémie, la province de Hubei dans le centre de la Chine, où les premiers cas sont apparus. La commission sanitaire de la province de Hebei (nord), qui jouxte Pékin, a déclaré dans un communiqué qu'un homme de 80 ans contaminé par le virus était décédé mercredi.

Déjà répandu en Asie

Le coronavirus s’est répandu dans de larges régions de Chine et au-delà des frontières. Il a déjà été identifié au Japon, en Corée du Sud, à Taïwan, en Thaïlande et aux Etats-Unis. Aucune occurrence de la maladie n’a encore été signalée en Europe.

Coeur de l’épidémie, la Chine et plus particulièrement Wuhan, une métropole des bords du Yangtsé de 11 millions d’habitants, voient en revanche leur quotidien chamboulé. Huit Suisses vivent dans cette province, selon le Département fédéral des affaires étrangères qui est en contact avec eux. Aucun n’a exprimé le souhait de rentrer.

Péages fermés aux sorties d’autoroutes

A Wuhan même, plus aucun train ni avion ne doit en principe être mis en circulation depuis 10h00 locales (03h00 suisse). Les péages aux sorties autoroutières de la ville sont fermés. «Les habitants ne doivent pas quitter Wuhan sans raison spécifique», a annoncé le Quartier général chargé de la lutte contre l’épidémie au niveau municipal.

Cette décision est prise afin «d’enrayer efficacement la propagation du virus», a-t-il expliqué, alors que la Chine s’apprête à entrer vendredi dans son long congé du Nouvel an qui occasionne chaque année des centaines de millions de voyages. La ville voisine de Huanggang à 70 km à l’est, qui compte 7,5 millions d’habitants, fait l’objet de mesures similaires. Tout près, Ezhou (1,1 million d’habitants), a déjà fermé sa gare.

 

 

Il était encore possible de gagner la ville par le train ou en avion, même si de nombreux vols étaient supprimés. Mais à l’intérieur même de Wuhan, les transports publics étaient à l’arrêt et les festivités du Nouvel An ont été annulées.

A lire aussi : Coronavirus chinois: la ville de Pékin annule les festivités du Nouvel an

Masque obligatoire

La mairie a aussi imposé le port du masque respiratoire, que la plupart des habitants avaient de toute façon commencé à arborer depuis le début de la semaine.

Le branle-bas de combat a commencé lorsqu’un scientifique chinois a admis que la transmission du virus pouvait se faire d’humain à humain et pas seulement de l’animal à l’homme.

Le président Xi Jinping a donné le signal de la mobilisation lundi en appelant à enrayer «résolument» l’épidémie, qui jusque-là ne faisait pas les grands titres des journaux. A Pékin comme à Shanghai, le port du masque était de mise dans les endroits publics, comme le métro.

Mesures «très très fortes»

A Genève, le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a salué les mesures «très, très fortes» prises par la Chine, estimant qu’elles allaient «diminuer» les risques de propagation hors de ses frontières.

Elles sont intervenues au moment où l’OMS avait réuni son comité d’urgence pour décider si le nouveau virus constituait une «urgence de santé publique de portée internationale». Les experts n’étant pas parvenus à se mettre d’accord sur la question, le directeur de l’OMS a décidé de poursuivre la réunion jeudi à partir de 12h00.

L’OMS n’a jusqu’ici utilisé le terme d’urgence internationale que pour de rares cas d’épidémies requérant une réaction mondiale vigoureuse, dont la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ebola, qui a ravagé une partie de l’Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016 et la RDC depuis 2018.

 

 

A Washington, un porte-parole du Département d’Etat a souligné les «signes encourageants qui montrent que le gouvernement chinois a compris la gravité de ce problème». Le virus de la famille du Sras a gagné plusieurs pays d’Asie et même les Etats-Unis, où quelques cas ont été recensés.

Les contrôles de température corporelle se sont généralisés dans plusieurs aéroports d’Asie, du pourtour du Pacifique ainsi qu’au Royaume-Uni, au Nigeria et en Italie. En Suisse, les aéroports de Genève et Zurich n’ont pour l’instant mis en place aucune mesure spécifique. Ils attendent les recommandations de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour agir.

Commerce illégal

Le virus a été repéré sur un marché de gros de produits de la mer à Wuhan. On ignore encore son origine exacte, mais sa période d’incubation serait d’environ 14 jours.

 

 

Des ventes illégales d’animaux sauvages avaient lieu dans ce marché, a reconnu le Centre national de contrôle et de prévention des maladies, sans pouvoir dire avec certitude si du gibier était à l’origine de l’épidémie.

La souche incriminée est un nouveau type de coronavirus, une famille comptant un grand nombre de virus. Ils peuvent provoquer des maladies bénignes chez l’homme (comme un rhume) mais aussi d’autres plus graves comme le Sras.

L’OMS avait à l’époque du Sras, en 2002-2003, vivement critiqué Pékin pour avoir tardé à donner l’alerte et tenté de dissimuler l’ampleur de l’épidémie.

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