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Cinglant revers pour Silvio Berlusconi

14 juin 2011, 11:17

Pour la première fois en seize ans, après six tentatives infructueuses, une consultation référendaire a réuni hier le quorum de 50% des suffrages plus une voix requis par la Constitution pour que le dépouillement ait lieu.

Dans un mouvement d'une ampleur inattendue, 57% des Italiens se sont rendus aux urnes pour rejeter à une large majorité tout retour au nucléaire, la privatisation de l'eau et la loi sur l'immunité judiciaire, autorisant Silvio Berlusconi à ne pas se présenter devant les tribunaux.

C'est un échec cuisant pour le président du Conseil, le second camouflet de sa majorité après la perte des villes de Milan et de Naples, aux élections municipales du 30 mai dernier. Pour le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, dont le parti de la Ligue du Nord est l'indispensable allié de Silvio Berlusconi, c'est même une «gifle».

Le premier à s'en réjouir a été hier Pierluigi Bersani. Dressant un parallèle avec le référendum de 1974 qui avait autorisé le divorce malgré une vive opposition de l'Eglise, le leader du Parti démocrate a estimé qu'il existe désormais une «césure irrémédiable entre le gouvernement et le pays». «L'ère de Berlusconi est finie», a insisté la présidente de ce même parti, Rosy Bindi, en expliquant: «Quand une majorité est constituée autour d'une seule personne et que cette personne arrive à la fin de son parcours, il est difficile que cette majorité puisse lui survivre.»

Les électeurs ont voté avant tout contre Silvio Berlusconi. En annonçant qu'il bouderait les urnes et en les invitant à l'imiter, le chef du gouvernement a transformé la consultation en un référendum sur sa propre personne et a ligué contre lui tous ceux que sa politique hérisse. Les électeurs de gauche et du centre bien sûr, mais aussi au sein de sa propre majorité, des militants de la Ligue du Nord de plus en plus mécontents de l'alliance nouée avec le président du Conseil.

La consultation référendaire aurait probablement connu le même sort que les six précédentes qui se sont déroulées depuis 1995, s'il n'y avait eu une question sur la construction de centrales nucléaires. La tragédie de Fukushima et la décision de l'Allemagne d'abandonner l'atome en 2022 ont galvanisé les opposants au nucléaire. Sur les places, dans les lieux publics, jusque sur les plages, et par internet, ils ont animé une campagne active et parfois divertissante qui a fait boule de neige.

«Adieu nucléaire»

Le 20 mai, dans l'espoir d'éviter ce référendum, Silvio Berlusconi avait annoncé un moratoire sur la construction de quatre centrales nucléaires, les premières du pays, avec la collaboration d'EDF. La première, qui aurait coûté quatre milliards d'euros, aurait dû entrer en service en 2020. «Adieu nucléaire. Nous devrons nous concentrer sur les énergies renouvelables», a annoncé hier en fin de matinée le président du Conseil, alors même que les bureaux de vote étaient encore ouverts.

En 1987 déjà, les Italiens avaient répondu «non» par référendum à un projet de développement de l'énergie nucléaire dans la Péninsule. Même si le référendum n'avait pas atteint le quorum hier, il aurait été de toute façon très difficile pour le gouvernement de repérer des sites ou d'ouvrir les chantiers, tant sont vigoureuses les oppositions locales au nucléaire, pratiquement dans toutes les régions.

Les électeurs ont également annulé la loi sur «l'empêchement légitime» qui arrivait de toute façon à expiration en septembre prochain. Cette loi permet à Silvio Berlusconi de se prévaloir de ses obligations de chef du gouvernement pour ne pas répondre aux convocations des tribunaux. Hier, par exemple, il a reçu le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou au moment où se déroulait une audience de l'un des quatre procès auxquels il doit faire face à Milan. Mais devra-t-il demain abandonner séance tenante tout engagement institutionnel pour se rendre dans les prétoires? La réponse des urnes n'est pas claire.

Les Italiens ont également choisi de dire dans ce référendum que l'eau était un bien public et que sa gestion et sa distribution ne pouvaient être privatisées. Ils ont également refusé de rémunérer les investissements réalisés par le secteur privé dans ce domaine sensible de l'activité économique. En d'autres termes, il appartiendra aux communes et à l'Etat de trouver les quelque 60 milliards d'euros pour moderniser un réseau hydrique qui perd 40% de ses ressources.

Le gouvernement prévoyait, lui, de solliciter le secteur privé, moyennant rémunération des investissements, ce qui aurait bien sûr entraîné un renchérissement du prix de la distribution de l'eau.

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