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Christine Lagarde marque des points

27 mai 2011, 10:28

Bien lui en a pris. Invitée à dîner mercredi soir par Hillary Clinton à l'hôtel de Talleyrand, Christine Lagarde avait tardé à donner sa réponse. Elle s'est finalement rendue dans la prestigieuse dépendance de l'ambassade américaine, à deux pas de la place de la Concorde, avec un projet en tête: sa candidature au FMI. La ministre des Finances française venait en effet dans la matinée de dévoiler son intention de succéder à Dominique Strauss-Kahn, une perspective rendant indispensable pour elle un appui des Américains, dont les premières réactions ont été prudentes.

Portrait-robot

Ce soutien lui a bien été apporté par la secrétaire d'État américaine, mais sous la forme… d'un portrait-robot. «Officieusement, nous sommes favorables à ce que des femmes très qualifiées et expérimentées puissent diriger des institutions majeures comme le Fonds monétaire international», a dit hier Hillary Clinton, qui était à Paris pour le cinquantième anniversaire de la création de l'OCDE. Toutefois, officiellement, a-t-elle aussitôt précisé, les États-Unis attendront la date limite de dépôt des candidatures, fixée au 10 juin, avant de prendre position. De toute évidence, Washington ne souhaite pas abattre ses cartes avant que le futur patron du FMI ne parvienne à s'assurer une large base de soutiens. Au même moment, à Deauville, le coup d'envoi était donné au G8. Absent des sujets à l'ordre du jour, le FMI a néanmoins été très présent en coulisses du sommet des nations les plus industrialisées.

La Russie a, elle aussi, laissé entendre qu'elle pourrait soutenir la Française, mais sans se dévoiler davantage. Comme il fallait s'y attendre, les pays émergents ont immédiatement saisi l'occasion du rendez-vous du «club des riches» à Deauville pour revendiquer la direction du fonds qui échoit rituellement à un Européen. Et ils n'ont pas hésité, à cette fin, à faire feu de tout bois. Sans citer Christine Lagarde, la Chine a ainsi souhaité que la désignation du futur directeur général du FMI soit fondée sur une «consultation démocratique»!

Feu de tout bois

L'Inde, par la voix de son représentant au conseil des gouverneurs du fonds, Arvind Virmani, a estimé que le processus lancé après la démission de DSK était trop précipité pour permettre aux émergents de s'accorder sur un candidat. Quant au ministre thaïlandais des Finances, il a déclaré hier que l'Asie avait elle aussi des candidats face au «champion» des émergents représenté par le Mexicain Agustin Carstens, à ce jour le plus sérieux rival de Christine Lagarde.

Consciente de la revendication des émergents, la ministre française leur a déjà donné des gages. Elle a annoncé hier son intention de se rendre très prochainement en Chine et au Brésil, deux des pays les plus réticents à sa candidature avec l'Inde. «Je suis convaincue que la représentation des pays au FMI doit continuer d'être adaptée aux réalités économiques», a-t-elle aussi souligné dans sa lettre de candidature. Clairement néanmoins, la division des émergents est un atout de poids pour Christine Lagarde. En même temps, soucieuse de ne pas apparaître comme un porte-drapeau des Vingt-Sept, elle a également insisté sur le fait qu'«être européen ne devrait pas être un plus mais ne pas être un moins non plus».

C'est néanmoins du Vieux Continent qu'est venu hier, de Deauville, l'appui le plus ferme. Dans une conférence de presse, Herman Van Rompuy, a insisté sur sa «grande expérience» et son «leadership». Le président de l'UE a aussi volé au secours de la Française à propos de l'enquête judiciaire pour abus d'autorité qui pourrait la concerner dans le règlement de l'affaire Tapie. «Elle est tout à fait libre de maintenir sa candidature quoi qu'il en soit, il y a toujours présomption d'innocence», a estimé Herman Van Rompuy. Après le G8, le processus de nomination va se poursuivre jusqu'à la décision finale prévue fin juin. La longue marche de Christine Lagarde continue.

Les pays émergents ont saisi l'occasion du rendez-vous du «club des riches» à Deauville pour revendiquer la direction du fonds.

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